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Cascade de liquide vaisselle!

Michel Blazy – Bouquet final

Jusqu’au 15 juillet 2012

Collège des Bernardins, 20 rue de Poissy, Paris V, Entrée libre

 

Ca mousse et ça sent fort! Bienvenue dans l’ancienne sacristie du Collège des Bernardins, où l’odeur du liquide vaisselle vous accueille pour un feu d’artifice mousseux! Michel Blazy (né en 1966) a encore frappé: avec des matériaux utilitaires, il réalise une installation qui entre dans le domaine de l’art, certes, mais de manière éphémère. Volontairement.

 

« Depuis une dizaine d’année, je réalise des expériences avec de la mousse. C’est très fragile mais il y a toujours cela dans mes pièces : la possibilité de les refaire et de les voir réapparaître neuves donc presque intemporelles. La mousse est une matière minimum constituée en majeur partie d’air, ce qui lui donne une infinie capacité d’expansion et de croissance. Je l’utilise pour créer des débordements, qui expriment la démesure et l’absence de maîtrise. L’installation des Bernardins est une sorte d’addition entre le sentiment ambivalent d’inquiétude et de sérénité que procure l’expérience sensorielle de la visite d’une architecture religieuse, et ; la présence aussi fascinante que menaçante d’un phénomène artificiel en perpétuelle croissance. »

Pour le Collège des Bernardins, Michel Blazy a imaginé des bacs de jardinières débordant de mousse, grâce à du liquide vaisselle injecté chaque matin, et qui à l’aide de petits jets, s’écoule dans une succession de cascades. « On dirait les chutes du Niagara », me dit un membre du personnel administratif. Pour avoir eu la chance de les admirer, je n’irai pas jusque là! Surtout si l’on arrive en fin de journée, l’effet de débordement est nettement diminué. Mais sur le sol restent des flaques de mousse qui jouent librement avec la lumière du lieu, avant de s’évanouir. Or, c’est justement, ce qui intéresse l’artiste:

« Selon moi, lorsque j’arrête ma manipulation tout commence à vivre et c’est justement ce qui m’intéresse : le rapport entre le geste de départ et les implications que cela entraîne par une série de réactions en chaîne et sans connaître le résultat. Dans l’atelier, il y des choses qui sont là depuis plusieurs années et ils leur arrivent toujours des histoires jusqu’à la disparition totale. »

Et pour cause… « Dans mon atelier il y a plein de souris et pendant que l’on parle j’en vois plusieurs qui circulent. Il y a ici un élevage de rongeurs et cela ne me pose aucun problème de cohabiter avec. Peut-être est-ce parce que je suis né à Monaco et que c’est un lieu où le temps s’est arrêté. On n’y voit pas de murs décrépis, de taches, tout est toujours repeint et paraît neuf. Aussi lorsque j’y circule, je me sens sale, abîmé, et je me dis que quand la mort arrive dans cette ville on ne peut comprendre d’où elle vient. »

Pour en revenir à l’installation, je vous recommande de la voir en début de matinée et de vous laisser enivrer par l’odeur de ce liquide vaisselle – non écologique, foi de bloggeuse bio!

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