Jusqu’au 21 juillet 2008
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-MUSEE-DU-LOUVRE–tarif-journee–MULO1.htm]
Musée du Louvre, aile Richelieu 75001, 01 40 20 53 17, 9€
Exposition en parallèle au musée Condé à Chantilly jusqu’au 21 juillet 2008
2008 met à l’honneur les femmes artistes et mécènes. D’où les expositions sur Marie-Antoinette (Grand Palais), Camille Claudel (musée Rodin) et Marie d’Orléans (1813-1839) au musée du Louvre. Un très bel ensemble de dessins, peintures et sculptures illustrent le talent de cette princesse romantique, qui reflète les goûts de son époque.
Fille cadette de Marie-Amélie de Bourbon, princesse des Deux-Siciles et de Louis-Philippe d’Orléans, Marie d’Orléans naît à Palerme en 1813, tout juste un an après sa soeur Louise, dont elle est très proche. Comme ses six frères et ses trois soeurs, Marie reçoit une éducation soignée et libérale – leur père est partisan de la Révolution française.
Jeune fille, Marie se révèle gaie, curieuse et attirée par les arts, comme son frère aîné, le futur duc d’Orléans, grand mécène et collectionneur.
Mais le mariage de Louise avec le roi Léopold de Belgique (1832), et son départ de la maison, chagrine profondément la sensible Marie. Son caractère s’en ressent; elle est souvent prise à des accès de mélancolie.
« Mais quand la noble enfant d’une race royale,/ Fuyant des lourds palais l’antique oisiveté,/ S’en va dans l’atelier chercher la vérité,/ Et là, créant en rêve une forme idéale,/ Entr’ouvre un membre pur de sa main virginale,/ Pour en faire sortir la vie et la beauté; […] » (Le Treize Juillet, Stances 1843), poétise Alfred de Musset (1810-1857).
Si, d’après son maître Scheffer, Marie n’est pas douée pour le dessin de copie, elle étonne en revanche son professeur quant à son imagination. Pour soulager Marie de sa dépression, Ary Scheffer s’amuse à l’initier à la sculpture (1834). Lui même s’y essaie. « […] la nouveauté était tout aussi attrayante pour moi que pour elle », écrit-il.
La sculpture réveille de sa langueur Marie, qui s’y jette corps et âme. « Seule, pendant de longues heures de la journée, elle se met à travailler à outrance […] Le travail est devenu une telle passion, qu’à l’insu de sa famille, elle y donne une partie de ses nuits », précise Scheffer.
L’exposition se termine sur la reconstitution du cabinet que Marie fait aménager dans le palais des Tuileries, par l’architecte Théodore Charpentier, pour accueillir ses curiosités. « J’ai eu la tête tournée, mon cher Tan », écrit-elle à son jeune frère le duc de Nemours, « des choses que j’ai vues et achetées hier. Figure-toi une collection de pots de bière allemands du XVIe siècle, couverts de figures, de dessins, émaillés d’inscriptions allemandes. J’ai cru que j’en deviendrais folle, et vraiment, pour leur curiosité, ils n’étaient pas chers » (1833). Quelle modernité! Déjà, une femme se justifiait – sans raison – de ses achats auprès d’un homme!
En 1837, Marie épouse au Grand Trianon le duc Alexandre de Wurtemberg, dont elle a un fils, Philippe de Wurtemberg (1838-1917). Se remettant mal de cette naissance et déjà affaiblie physiquement par l’incendie de leur maison à Gotha, le jeune couple part vivre à Gênes, puis à Pise. Où Marie s’éteint (1839), en présence de son époux et du duc de Nemours.
Une histoire tragique, comme l’aimaient les Romantiques; magnifiquement illustrée dans un style néo-gothique, à l’image du salon de Marie d’Orléans; dans la salle de la Chapelle du musée Louvre pour correspondre à l’exaltation religieuse de la princesse. Un parcours sans faute!