Jusqu’au 15 juillet 2018
Palais Galliera, 10 avenue Pierre Ier de Serbie, Paris 16e
Paris consacre une saison à l’un des plus influents créateurs de mode : Martin Margiela (né à Louvain en 1957). Les festivités commencent au Palais Galliera avec « Margiela Galliera » et se poursuivront au MAD (Musée des Arts décoratifs), à partir du 22 mars 2018, avec « Margiela les années Hermès ».
C’est la première rétrospective à Paris consacrée au créateur belge, qui excelle à déconstruire les vêtements et questionner la machine de la mode.
On ne s’étonne plus de l’originalité de ses créations quand on sait que le jeune Martin, après des études à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, département mode, a été assistant de « l’enfant terrible de la mode », Jean-Paul Gaultier (1984/87)…
En 1988, Margiela s’associe à Jenny Meirens et ouvre sa maison à Paris ; leur premier défilé se déroule pour la collection printemps-été 1989. Depuis 2002, la maison est dirigé par le groupe OTB.
Margiela déstructure le vêtement pour mieux en révéler la structure : il en révèle l’envers, les doublures, les étapes de fabrication à travers la mise en valeur des pinces, épaulettes, patrons, fils de bâti. Il exacerbe les échelles, créant la coupe oversize 200%, ou s’inspire d’habits de poupée pour les mettre à taille humaine.
Le créateur joue également du trompe-l’oeil (bodies imprimés tels des tatouages) et invente les chaussures en forme de pattes de chèvre, inspirées des tabi traditionnelles japonaises.
Margiela est réputé pour ne jamais montrer son visage aux médias. Il applique cette règle à ses mannequins dont il couvre la tête d’un voile, afin de focaliser l’attention sur le vêtement plutôt que sur le physique de ses modèles.
« L’homme qui prône l’anonymat est connu pour son univers blanc, couleur qu’il décline en une multitude de nuances, » commente Olivier Saillard (ancien directeur du Palais Galliera qui a proposé cette exposition au créateur). « Margiela est aussi célèbre pour ses défilés dans des lieux underground : parking, entrepôt, station de métro, terrain vague… »
Vidéos et mannequins se succèdent dans une ambiance étrange, tantôt noire, tantôt blanche, rarement colorée. J’en ai retenu une accumulation de superpositions ente habits vintage et contemporains ; des formes fluides, rarement moulantes ; des vêtements qui prolongent le corps (manteau aux épaules surélevées et proportions démesurées ; manteau qui prolonge la chevelure ; manches-gants). Son approche conceptuelle questionne l’éthique et l’esthétique de la mode. Un créateur qui provoque, certes, mais de manière conceptuelle !