Une histoire de la chaussure
Jusqu’au 23 février 2020
MAD – Musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli, Paris 1er
Le MAD présente son troisième volet (après « La Mécanique des dessous » en 2013 et « Tenue correcte exigée » en 2017) sur le rapport entre le corps et la mode avec un focus sur l’histoire de la chaussure. Accessoire aussi utile que stylé, le soulier révèle les évolutions de la société. Fascinant !
Le parcours étudie les différentes façons de marcher en Occident et en Orient, du Moyen-Age à nos jours.
Au deuxième étage du MAD, dans les ailes qui font le tour de la nef centrale, l’exposition dévoile pas moins de 500 oeuvres, en particulier une riche collection de chaussures. Mais aussi peintures (Delacroix, Gérôme, etc.), photographies, publicités, objets d’art.
« Le thème de cette exposition est né lors de l’étude dans les collections du musée d’un soulier porté par Marie-Antoinette en 1792 », rapporte Denis Bruna (conservateur en chef des collections mode et textile antérieures à 1800, MAD Paris).
« Cet objet est étonnant par ses dimensions puisqu’il mesure 21 cm de long – ce qui correspond à une pointure 33 aujourd’hui – et pas plus de 5 cm de large. Comment une femme alors âgée de 37 ans pouvait-elle glisser son pied dans un soulier aussi menu ? » poursuit-il.
Tout comme les Chinoises Han depuis le XIe siècle – dont une section à part évoque le bandage de leurs pieds qui ne devaient pas dépasser 10 cm -, les dames de l’aristocratie européenne au XVIIIe siècle puis de la haute bourgeoisie au XIXe siècle marchaient peu car les villes étaient boueuses et il n’était pas socialement convenable de sortir. Ainsi, les femmes de l’Ancien Régime portaient des souliers … pour ne pas marcher !
L’exposition s’ouvre sur une analyse de la façon de marcher au quotidien de l’enfance à l’âge adulte, en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique. Elle se poursuit sur les diverses formes de chaussures (sabots, sandales, chaussons, escarpins, mocassins, bottines, sneakers qui envahissent les rues d’aujourd’hui) et de semelles (plates, à talon, plateforme, bouts pointus ou carrés). La notion de chaussures « de marche » apparaît à la fin du XIXe siècle avec les grands aménagements urbains. Le confort des chaussures joue sur la démarche. Il évolue avec les progrès médicaux et les innovations techniques. La première partie se termine sur un salon d’essayage de huit modèles pour petits et grands !
Le parcours se poursuit dans la galerie côté rue de Rivoli avec les domaines particuliers de la chaussure comme le sport (tennis avec Stan Smith, course à pied, basket et foot avec la rediffusion de matchs de Coupe du Monde), la danse (vidéo des secrets des pointes du ballet de l’Opéra de Paris).
Chaussures de soldat avec la création d’Alexis Godillot, celles de clowns sont exposées aux côtés des « chaussures magiques » (talonnières d’Hermès et les bottes de sept lieues).
Une section où le visiteur doit soulever des rideaux aborde le fétichisme (talons vertigineux comme ceux des danseuses du Crazy Horse imaginés par Louboutin, bottes lacées très haut, chaussures en forme de corail, etc.).
La partie finale présente des modèles insolites des années 1990 à nos jours, imaginés non plus par les traditionnels bien que célèbres fabricants Roger Vivier, Christian Louboutin ou encore Pierre Hardy mais par des créateurs contemporains tels les architectes Zaha Hadid et Rem Koolhass. Retour en arrière ? S’ils sont un plaisir pour les yeux, leurs souliers ne permettent aucune mobilité !