Histoires possibles
Jusqu’au 06 septembre 2021
Musée Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16e
#ExpoMarcRiboud
Reportée deux fois en raison de la crise sanitaire, l’ouverture de l’exposition Marc Riboud au Musée national des arts asiatiques – Guimet (MNAAG) peut enfin avoir lieu ! Elle présente une sublime sélection des quelque 50.000 oeuvres qui ont été léguées par le photographe au musée Guimet. Naturellement, le thème de l’Asie y domine. Pour ma plus grande joie :-)
Même si cela n’avait pas été le premier musée que je peux enfin arpenter, mon appréciation de l’exposition n’en aurait pas été changée !
Le parcours offre un récit de la vie du célèbre photographe (1923-2016) de l’agence Magnum, de ses premiers pas derrière l’objectif dans le Haut-Beaujolais (Après le bain, 1953) à ses dernières prises de vue en Chine, telles des paysages abstraits dignes de son ami Zao Wou-Ki.
Excessivement timide, Marc Riboud reçoit un appareil photo de la part de son père avec ses mots « tu ne sais pas parlé mais tu sauras peut-être avoir un regard », commente Loren Durret, une des trois commissaires de l’exposition. Son père ne s’était pas trompé en confiant à son fils un Vest Pocket Kodak, de la taille d’un Iphone ancienne génération ! Il est exposé à côté de ses Leica M3 et M6 qu’il aura plus tard.
Marc Riboud effectue son premier reportage à l’étranger, en Angleterre, sur les conseils de Robert Capa (co-fondateur de l’agence Magnum avec Henri Cartier-Bresson) en 1954. Il y photographie Londres, bien sûr, mais aussi Lieds ou Brighton, ville des premiers loisirs estivaux.
En Turquie (1955), il photographie des garçons perchés sur le pont Galeta à Istanbul, regardant vers la mer les navires. Tel un autoportrait de jeunesse et de son goût pour les voyages.
Il passe un an en Inde (1956) où il capture la langueur des atmosphères humides des plantations de thé et les préparatifs du festival de Kali à Calcutta.
Il enchaîne avec la Chine où le contraste est violent. C’est l’ère de la marche forcée vers l’industrialisation (Grand Bond en Avant, 1958-1960). Il photographie l’effervescence des villes (Pékin, Shanghai, Wuhan) mais aussi les zones rurales agricoles.
Au Japon (1958), il capture des portraits de femmes partagées entre les traditions et la modernité.
Une salle transverse présente des oeuvres non-asiatiques, en Alaska (1958), en Afrique (Guinée, Nigéria, Algérie au début des années 1960). Les photographies de Cuba (1963) font face à celles iconiques de Washington et des manifestations anti-Vietnam (Jeune fille à la fleur, 1967).
Logiquement celles du Vietnam s’ensuivent avec des prises du Nord et du Sud : couples à Hanoï ; pêcheurs de la baie d’Halong ; Hué détruite, tout en conservant ses éléments traditionnels (chapeaux coniques, vendeurs de rue, cyclistes) ; Saïgon et les entraînements des militaires américains dans les campagnes ; camp de « réorientation politique » des cadres de l’armée du Sud à Tay Nihn, à la frontière avec le Cambodge.
Après ces mois intenses, le photographe se ressource dans la contemplation des temples khmer à Angkor.
Le parcours se termine sur ses nombreuses photographies en Chine où il retourne entre 1965 et 2000.
Marc Riboud n’aimait pas être appelé humaniste. Pourtant, c’est bien la douceur de son regard discret, vif et efficace (très peu de temps de pose) qui ressort de ses prises de vue, essentiellement en noir et blanc.
Le musée Guimet rend ici un magnifique hommage à l’un de ses fervents admirateurs de la culture asiatique.