15 rue du Lau, Milly-la-Forêt (Essonne), 7€
Acquise en 1947, la maison de Cocteau ouvre aujourd’hui ses portes au public. Refuge du poète, elle a nourri son imagination jusqu’à la fin de ses jours, devenant le lieu de création de ses plus grandes oeuvres. Pierre Bergé, titulaire du droit moral sur l’oeuvre de Jean Cocteau, a acquis cette maison avec l’aide d’instances administratives. Afin de partager avec le public la mémoire d’un fécond poète.
Jean Cocteau (1889-1963) a vécu les dix-sept dernières de sa vie à Milly-la-Forêt, dans cette ancienne bâtisse au jardin fleuri -qu'on aurait pu aisément faire de jolis bouquets de fleurs et parsemé de sculptures (subsistent deux sphynges en pierre et le buste du Turc – élément du décor de La Belle et la Bête). Située aux abords du château et de la célèbre forêt de la ville (2h de promenade y ont été aménagées), la maison allie harmonieusement paysage et bâti.
« C’est la maison qui m’attendait. J’en habite le refuge, loin des sonnettes du Palais-Royal [Cocteau possèdait un appartement au 36 rue de Montpensier, Paris Ier]. Elle me donne l’exemple de l’absurde entêtement mgnifique des végétaux. J’y retrouve les souvenirs de campagnes anciennes où je rêvais de Paris comme je rêvais plus tard, à Paris, de prendre la fuite. L’eau des douves et le soleil peignent sur les parois de ma chambre leurs faux marbres mobiles. Le printemps jubile partout. » (Jean Cocteau, La Difficulté d’être, 1947).
Entre ses murs sont nées son mémorable film Le Testament d’Orphée (1959), son propre testament poétique Le Requiem (1959) et nombre de toiles, dessins et pastels représentant les personnalités artistiques de l’époque.
Après cinq ans de travaux, la maison restitue la chambre, le bureau et le grand salon tels qu’y vivait Cocteau, avec son compagnon acteur Edouard (« Doudou ») Dermit. Ce dernier hérite à la mort du poète de 3.000 oeuvres ; il en réserve 500 pour l’ouverture de cette maison-musée. Peu avant sa disparition (1995), il décide de transmettre le droit moral sur l’oeuvre de Cocteau à Pierre Bergé.
Le parcours de la visite s’ouvre sur l’ancienne cuisine qui abrite, en guise d’introduction, une biographie illustrée de Cocteau. S’ensuit une vidéo-projection des 32 autoportraits de la série Le Mystère de Jean L’Oiseleur (1924).
La salle suivante met en valeur l’étroite relation entre écriture et dessins dans l’oeuvre de Cocteau. En attestent les dessins d’Eugène, personnage illustré du Potomak (1919), méconnus du grand public. Les illustrations y sont accompagnées d’épigrammes, tel le célèbre « Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi ».
Une pièce est consacrée aux photographies représentant le poète avec ses amis. Elle comprend aussi les esquisses des fresques réalisées par Cocteau pour la Chapelle Saint-Blaise des Simples (située à la sortie du village) et où il repose.
Dans le grand salon trône Oedipe et le Sphynx jouant aux cartes de Christian Bérard.
Le premier étage comprend le bureau et la chambre avec cadres, photos et boîtes de crayons à dessin, tels que disposés par l’ancien maître des lieux. Même les tissus recouvrant les murs, posés à l’envers sur le conseil de Madeleine Castaing, ont été refabriqués et posés à l’identique.
Les deux salles suivantes présentent les dessins originaux des amis les plus célèbres de Cocteau – Proust, Chaplin, Satie, Picasso, Nijinsky, Chanel, etc. – et quelques dessins de mode.
Deux galeries d’exposition complètent l’étage. L’une temporaire (pour l’ouverture, exposition autour de la vie et l’oeuvre de Cocteau), l’autre permanente sur les portraits de J. Cocteau réalisés par d’autres grands artistes – Picasso, Ray, Warhol, Blanche, Buffet, Modigliani….
La visite se termine par une salle de projections, aménagée sous l’ancien porche, proposant des films sur et de Cocteau (Le Sang d’un poète, 1930; Les Parents terribles écrit pour Jean Marais, 1937; La Belle et la Bête, 1946; Orphée, 1950; Le Testament d’Orphée, dans lequel Cocteau joue son propre rôle, 1960).
Une sortie idéale lors d’un week-end estival pour profiter de la fraîcheur du bois entourant la maison (2ha confiés au paysagiste Loïc Pianfetti), de l’omniprésence de l’eau surmontée de passerelles, de la couleur des parterres fleuris (rosiers, pivoines, lys), de la senteur du verger (arbustes fruitiers plantés par Cocteau). Et bien sûr, des trésors sertis dans la maison elle-même!