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Luxe de poche

Petits objets précieux au siècle des Lumières

#Luxedepoche
@museecognacjay

Jusqu’au 29 septembre 2024

Musée Cognac-Jay, 8 rue Elzévir, Paris 3e

Le musée Cognac-Jay présente près de 300 objets miniatures de luxe, collectionnés au XVIIIe siècle, pour être déployés en société selon un rituel très codifié.

Johann-Christian Neuber, Boîte, vers 1780 © CC0 Paris Musées/Musée Cognacq-Jay

Le parcours expose 260 objets, près d’un quart de la collection des petits objets précieux d’Ernest Cognac-Jay, fondateur du musée. Si leur usage diverge – flacon à parfum, tabatière, boîte à mouches, bonbonnière, étui à plume et tablettes pour écrire, etc. -, leur symbolique traverse le siècle des Lumières : il s’agit de montrer sa richesse à travers de petits objets intimes qui témoignent du quotidien de la cour mais aussi du peuple, notamment pour la tabatière.

Antoine-Jan de Villeclair, Flaconnier-nécessaire, 1755-1756. Paris, musée des Arts décoratifs © Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Ce qui frappe au premier abord, ce sont les matières onéreuses et exotiques qui composent ces objets. Laque, écaille, peau de requin, nacre, jaspe, cristal, pierres précieuses (diamants, or, émaux). Ensuite, la finesse de leur exécution. Puis la diversité de leurs usages, présentés en fonction du moment de la journée auquel il était convenu de les exposer.

Pour les femmes, les objets étaient contenus dans des poches externes, nouées à la taille, au-dessus du jupon et sous la jupe, à laquelle elles accédaient grâce à une fente sur le côté. Un mannequin permet de visualiser ce subterfuge !

Attribué à Noël Hardivilliers, Étui-nécessaire, entre 1770 et 1780 © CC0 Paris Musées/Musée Cognacq-Jay

Au XVIIIe siècle, « l’ensemble des cours européennes vient faire son shopping à Paris, déjà capitale du luxe », commente Vincent Bastien, commissaire scientifique de l’exposition. Les objets étaient largement diffusés par les marchands Mercier. « On peut remarquer l’évolution du style art rocaille sous Louis XV au style néoclassique sous Louis XVI », ajoute Sixtine de Saint Léger, commissaire général de l’exposition.

L’iconographie des objets s’inspire des sources littéraires comme le roman du Britannique Laurence Sterne, Le Voyage sentimental à travers la France et l’Italie (1768), qui développe la figure de la « pauvre Maria » assise au pied d’un arbre, ayant perdu la raison suite à la mort de son mari. Les objets qui portent son image figurent également sur la ceinture de la duchesse d’Orléans (Louise-Mare-Adélaïde de Bourbon), peinte par E. Vigée Le Brun.

Jean Raoux, Jeune fille lisant une lettre ou la liseuse, vers 1717-1718 © RMN-Grand Palais (Paris, musée du Louvre) / Tony Querrec

Les toiles galantes de Watteau, Boucher, Fragonard, sont copiées, pour être reproduites sur les objets miniatures et témoigner de la culture de leur porteur. Tout comme les événements historiques et scientifiques « telle l’invention de la montgolfière », précise Ariane Fennetaux, commissaire scientifique de l’exposition.

Fabrique royale, Tabatière de table. Berlin, entre 1770 et
1775 © Londres, The Royal Collection/ HM King Charles III

L’avant-dernière salle présente les objets les plus précieux comme une tabatière de table fabriquée à Berlin (1770-1775), ayant appartenu au roi de Prusse (aujourd’hui dans la collection des Windsor). Elle est sertie de pas moins de 3 000 diamants ! Ces objets étaient offerts, y compris comme cadeaux diplomatiques, autant que collectionnés.

Ils inspirent par la suite des joailliers comme Van Cleef & Arpels ou la maison Fabergé qui réinventent les codes de l’élégance à partir de ces exquises boîtes à bonbons.

Jean-François Bautte, Pistolet à parfum, vers 1800 © CC0 Paris Musées/ Musée Cognacq-Jay

Une exposition très bien pensée, d’un extrême raffinement.

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