Jusqu’au 11 juillet 2011
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Musée Guimet, 6 place d’Iéna 75016
Surnommée la « mariée des Indes », Lucknow a attiré une intelligentsia indienne et européenne qui a porté la ville au faîte de sa splendeur. Le musée Guimet reprend l’intégralité de l’exposition conçue par le Los Angeles County Museum, « India’s fabled city: the art of courtly Lucknow« . Et illustre comment cette capitale provinciale a su dépasser Delhi et Faizabad par son rayonnement artistique. Mais également par l’empreinte historique qu’elle a laissée au siècle de l’Inde coloniale.
Parallèlement, l’autorité britannique s’affirme. Nombre de voyageurs européens, commerciaux et représentants politiques, charmés par Lucknow, s’y installent.
La ville connaît cependant un drame historique. Entre 1757 et 1758, la begum (titre d’honneur des princesses indiennes) Hazrat Mahal, quatrième épouse du roi déchu, mène une mutinerie contre le pouvoir colonial incarné par la domination de la Compagnie anglaise des Indes Orientales. Cette révolte des Cipayes est considérée comme la première guerre d’indépendance de l’Inde, quatre vingt-dix ans avant que Ganghi ne mène le combat. Loin d’être pacifique, ce soulèvement a pris en otage quelque 30.000 personnes, assiégées au sein de Lucknow. L’armée britannique reprendra le contrôle en mars 1858. L’histoire de cette héroïne oubliée est contée dans le roman de Kenize Mourad (auteur du best-seller De la part d’une princesse morte): Dans la ville d’or et d’argent (Robert Laffont).
Les photographes affluent de nouveau vers Lucknow pour immortaliser les sites des combats. Ces oeuvres témoignent de bâtiments aujourd’hui disparus, des quartiers entiers ayant été détruits par mesure de répression et afin de sécuriser la ville coloniale.
Ces nouveaux mécènes, donc, sont de petits rajas hindous et des taluqdars (riches propriétaires terriens hindous ou musulmans). Ils permettent l’essor de l’orfèvrerie et de la joaillerie.
Le plus: un diaporama numérique présenté sur un écran inséré dans l’entrebaîllement d’une vieille malle de voyage qui permet de voir l’intégralité des photos. Les images anciennes se dissolvent en fondu enchaîné dans les photos contemporaines en noir et blanc. Puis, elles évoluent vers la couleur.
Il est intéressant de découvrir ces oeuvres indiennes au musée Guimet, où l’on a plutôt l’habitude d’admirer des pièces d’Asie du sud-est. S’il est difficile aujourd’hui de vanter les vertus du colonialisme, il faut reconnaître que d’un point de vue artistique, il a donné lieu à de belles créations!