Un léger passage à vide de Nicolas Rey
Editions Au diable Vauvert, 182p., 2010, 17€
Après Un Roman français de F. Beigbeder (prix Renaudot 2009), Nicolas Rey se livre à une humble introspection. Au-delà de leur ressemblance capillaire, les deux écrivains médiatiques partagent une dépendance alcolo-chimique. Et, dans une même verve stylistique, Nicolas Rey nous livre sa propre version de la descente aux enfers. Suggérée par un puissant euphémisme: « Un léger passage à vide« .
Conçue comme une succession de chroniques, l’autobiographie de N. Rey se révèle plus ou moins fictive. Ce qui ne l’est pas et qui sert de fil conducteur au roman est sa décadence physico-mentale. « Je suis à trois grammes de cocaïne par jour. Je bois dès le reveil [whisky]. Je m’enfile douze Xanax 50 mg et sept Stilnox toutes les 24 heures. Je vous fais grâce des digestifs et de la codéine. Tout va presque bien » (p.29). Belle antiphrase.
Sur ce, on s’y attendait, sa femme le quitte. L’auteur se console dans l’auto-dérision. Mais, c’est la naissance de son fils, Hippolyte, qui va le pousser à s’en sortir. « C’est l’heure. Je sonne à la porte de la clinique. On m’indique la salle d’attente. Je n’ose pas regarder les autres. Je ne pense qu’à mon fils » (p.63).
Au fil du roman, le narrateur change de profil pour donner voix à l’entourage du protagoniste. Il y son agent-producteur italien Yves Kleber, sa « moitié sud » (p.20). Marion, placée « juste derrière Jésus-Christ »(p.22), bien qu’elle ait « tous les défauts du monde mais c’est l’inverse d’un joueur du Milan AC. Pas du genre à se tordre de douleur pour que dalle » (p.34). Hippolyte, qui ne veut pas se faire embrasser par Minnie à Eurodisney pour ne pas finir comme son père: « D’abord, les bisous, ensuite l’amour et après, on est malheureux comme Papa » (p.179).
Les pages sur l’expérience de paternité sont les plus réussies. Celles où l’auteur s’emporte contre les convenances sociales les moins.
Les premiers chapitres du livre ne m’ont pas plus. J’avais l’impression de lire du mauvais Beigbeder. Comme ils se lisent vite, j’en ai enchaîné un de plus pour lui donner une dernière chance. Et, là, sans prévenir, l’auteur décolle. La scène s’appelle « L’haptonomiste ». A partir de là, je n’ai pas décroché.
Presque jusqu’à la fin. L’auteur s’essoufle. Nouvel accès de rage anti-sociale qui irrite par son manque d’humilité.
« Les amis font connaissance et ça dure, ça dure, ça n’en finit pas de durer et enfin la phrase arrive, prononcée fièrement par la maîtresse de maison: ‘Et si on passait à table?’ Mais on était venus là pour quoi, petit déchet? Pour une séance de yoga, pour une pelote basque? […] Alors, histoire d’être drôle et sympa, le type balance ‘Et sinon, à part boire du Coca light, tu fais quoi?’ Mais je nique ta femme, connard, ta fille, ta soeur et je chie dans la bouche de ta mère jusqu’à ce qu’elle en crève étouffée » (p.149).
Si on comprend l’énervement du narrateur par rapport à l’indélicatesse de son interlocuteur (encore que, savait-il que son voisin de table sortait de cure?), cette accumulation de vulgarité semble veine. Stylistiquement anti-littéraire et fondamentalement creuse. Un langage trash, moderne peut-être, mais assurément vide. Beaucoup de bruit pour rien.
Mais le chapitre d’après, « Les complices », réconcilie. « La vengeance de la madeleine noire » émeut encore plus. Petite phase fantaisiste avec « Small World » et le dernier chapitre, « Drapeau orange », s’en sort bien. Pas pour son sytle mais par cette touchante révélation de l’intimité d’un couple. Alors, bien qu’inégal, Un léger passage à vide laissera une marque dans ma mémoire. Et, in fine, c’est ce que j’apprécie le plus dans un livre.
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