Editions Gaïa, 254p., 20€
Le titre donne le ton. Le mec de la tombe d’à côté: c’est insolent, drôle, accrocheur…
Une histoire d’amour qui commence dans un cimetière. Ca fait grincer les dents de certains et sûrement retourner les défunts dans leurs tombes! Qu’il s’agisse du jeune mari écolo fraîchement fauché en vélo ou de la mère couvant son fils unique, âgé de 37 ans, jusqu’à ce qu’un cancer l’emporte et l’envoie dans la tombe voisine.
Chacun devant sa stèle – l’une sobre et glaciale, l’autre feurie et opulente – Désirée et Benny, font mine de cogiter sur leur destinée tout en s’observant à la dérobée. Non pas luxurieusement – un peu de décence tout de même! – mais irrités. Agacés par la présence inopportune de l’autre.
Jusqu’au jour où le hasard fait que Benny semble offir un sourire à Désirée. Et bang, c’est le coup de foudre! Enfin, presque…
Car si ces deux chairs s’attirent, leur raison en a décidé autrement. Désirée, bibliothécaire de formation, est citadine, hygiénique, cultivée. Benny, qui a repris la ferme de ses parents, vit à campagne avec ses 24 vaches laitières – détail d’importance car une vache est plus exigeante qu’un mari en termes de ponctualité biologique! -, il sent l’étable et lit à peine un livre par an. L’opéra versus la traite des vaches; les aliments sous-vide versus la production agricole arrivant à l’état brut sur la table de la cuisine… Deux mondes – ou, pour reprendre la métaphore narrative, deux étoiles – les séparent. Sauront-ils construire un pont pour se rejoindre?
L’un après l’autre nous livre leur cheminement de pensées, leurs espoirs et désespoirs. Une approche littéraire duale qui fait tout le suspens du roman et nous fait rire – jaune? – quant aux différences d’interprétation des événements.
Pourtant, le lecteur se laisse dévorer par cette histoire burlesque, qui aborde finalement un problème de fond. Celui de sa relation à l’autre et du « comment-gérer-ses-différences ». Et bien que les pages roses du livre pourraient faire penser à un conte fleur bleue, cette histoire pique. Car le fait de ne pas vouloir céder du terrain de peur de perdre son identité, même si l’on sait pertinemment que l’autre a raison, et de pouvoir vivre ensemble ses différences – est certainement ce que chacun, peu importe le mileu/la catégorie sociale – vit au quotidien…