Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard 75006, 01 45 44 12 90, 11€
Peintre italien de l’époque maniériste (fin du XVIe siècle), Giuseppe Arcimboldo est surtout connu par ses têtes anthropomorphes. Le musée du Luxembourg propose aujourd’hui de découvrir les autres facettes de cet homme ingénieux avec des oeuvres surprises en fin d’exposition…
Sylvia Ferino, conservateur de la peinture italienne de la Renaissance au Kunsthistorisches Museum de Vienne, organise avec une centaine d’oeuvres la première monographie dédiée à Arcimboldo (1526-93), peintre reconnu de la cour viennoise du XVIe siècle.
Non seulement Arcimboldo effectue des portraits réalistes de facture classique – et qui de ce fait sont difficilement identifiables comme étant réellement de son crû -. Mais il réalise aussi des tapisseries, des vitraux (cathédrale de Milan et de Côme).
Surtout, il confectionne les décors de nombreuses cérémonies et festivités de la cour viennoise comme l’atteste la sélection de dessins à la plume et lavis bleu, présentés après des siècles d’oubli, dans cette exposition. On découvre ainsi qu’Arcimboldo a l’honneur d’organiser un grand tournoi pour célébrer le mariage de la princesse Elisabeth d’Autriche avec le roi de France, Charles IX.
Passionné d’architecture, ce savant successeur de Léonard de Vinci (1452-1519) invente un procédé pour franchir les fleuves sans pont ni embarcation. Il imagine encore un système de notation des couleurs et illustre la flore et la faune pour le compte de scientifiques.
Ces oeuvres, référées comme capricci, scherzi ou grilli, mettent ainsi en valeur « le caractère excentrique de la culture maniériste de la cour », commente Sylvia Ferino.
Enfin, une oeuvre – Le Printemps (cf. premier visuel) – récemment découverte vient clore cette exposition qui complète celle du Palazzo Grassi, Venise, de 1987 sur L’Effet Arcimboldo, axée sur l’influence du peintre sur ses sucesseurs (dont le Caravage) plus que sur les multiples talents de l’artiste.
Bien que reconnu de son vivant, Arcimboldo tombe dans l’oubli après sa mort. Ce sont les Surréalistes qui redécouvrent ses oeuvres extravagantes, dont peu d’originaux subsistent. Ils lui rendent hommage en le proclamant précurseur de l’art moderne.
Aujourd’hui, des artistes comme Bernard Pras (né en 1952) reprennent cette idée de création protéiforme. A l’aide d’éléments divers, en particulier, des objets plastiques colorés, B. Pras réalise des portraits aussi originaux que ceux d’Arcimboldo (cf. Geisha, 2002, ou Louis XIV, 2003). Pour le musée du Luxembourg, il réalise devant le café Médicis (parvis du musée) une installation inédite d’après le tableau L’Eté. Soldats de plomb, fruits en plastique, rails de train électrique, main de vitrine de joaillerie, brosse de balai, résultent en une vision spectaculaire par effet d’anamorphose…