Collections du musée national de Kaboul
6 décembre 2006 – 30 avril 2007
Musée des arts asiatiques-Guimet, 6 place d’Iéna 75116, 01 56 52 53 00
Deuxième volet en quelque sorte du panorama consacré par le musée des arts asiatiques- Guimet à l’Afghanistan (après « Afghanistan une histoire millénaire », en mars 2002), l’exposition « Les trésors retrouvés » s’inscrit dans une actualité on ne peut plus pertinente.
Objectif : réveiller les consciences occidentales afin qu’elles n’oublient pas les sublimes découvertes archéologiques qui retracent l’histoire d’un pays encore – comme nous le rappelle de temps en temps un sursaut médiatique – ravagé par la guerre et les hérésies de fondamentalistes qui se vantent de brûler le savoir.
Et, mobiliser l’opinion pour financer la restauration de ces pièces historiques uniques, menacées de déréliction.
Mais c’est également une manière de rappeler que ces objets rares ont été sauvegardés du pillage qui a suivi l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques (27 décembre 1979).
Entre 1992 et 1996, en pleine guerre civile, des tirs de roquettes détruisent le toit du musée national de Kaboul, laissant porte ouverte aux pilleurs. Ceux-ci s’emparent des pièces antiques qui n’ont pas été détruites. Tels les ivoires de Begram, la totalité de la collection numismatique, une partie des statues gréco-bouddhiques, des fragments de peinture murale de la vallée de Bamiyan, soit environ 4.000 objets.
Pire encore, le 26 févrvier 2001, le mollah Omar, chef des Talibans, promulgue un décret incitant à détruire « toutes les statues et tombeaux non islamiques ». Ce qui conduit au dynamitage des bouddhas de Bamiyan et à la destruction d’autres objets de collection.
Au final, seulement 30% des collections du musée de Kaboul ont survécu grâce à leur préservation secrète dans les coffres de la Banque centrale, qui se trouve dans l’enceinte du Palais présidentiel.
L’exposition du musée Guimet cherche ainsi à mettre en avant – dans un défi provocateur – la diversité culturelle de feu un Afghanistan ouvert et curieux des civilisations étrangères, dont les influences artistiques s’étendaient jusqu’à l’Extrême Orient.
Fullol
Aujourd’hui, seuls trois des cinq vases en or – aux motifs animaliers (taureaux, sangliers, serpents) – ont été retrouvés. Présentés dans l’exposition, ils reflètent la civilisation de Bactriane (2200-1800 av. J.-C.) et le rôle majeur de cette région afghane dans les échanges entre le Moyen-Orient et la civilisation antique de la vallée de l’Indus (5000-1900 av. J.-C.), qui prospérait le long du fleuve Saravastî.
Un demi-siècle avant la route de la soie, ces habitants d’Asie centrale étaient donc déjà en relation avec les civilisations de l’Indus, de l’Iran et de la Mésopotamie. D’ailleurs, une route du lapis-lazuli reliait l’Asie centrale au Moyen-Orient.
Aï-Khanoum (fin du IVè siècle – milieu du IIè siècle av. J.-C.)
La nécropole de Tillia-Tepe, la « colline d’or » (Ier siècle ap. J.-C.)
La nécropole se compose de la tombe d’une princesse et de cinq princes, recouverts de parures funéraires dont l’or rapelle la civilisation des Scythes des rives du Bosphore et de la Chersonèse.
Des miroirs chinois, datés de l’époque Han, prouve l’ouverture afghane sur l’Extrème-Orient.
Le trésor de Begram
L’Afghanistan s’est donc construit autour de divers courants culturels – iranien, proche-oriental, indien, scythe, chinois et hellénistique. Les civilisations afghanes anciennes, certes nomades, se révèlent pour autant attachées au raffinement et au luxe, comme l’attestent les nombreux débris de vaisselles, armes, statues, bijoux, etc. Ces sociétés étaient surtout curieuses de mondes inconnus. N’en déplaisent aux talibans actuels…