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Les modèles iconographiques raffinés de l’art Gupta

L’âge d’or de l’Inde classique: l’Empire des Gupta

Jusqu’au 25 juin 2007

Galeries nationales du Grand Palais, entrée place Clémenceau, avenue du Général Eisenhower 75008, 01 44 13 17 17 (serveur vocal), 10€

Les Galeries nationales du Grand Palais présentent une exposition exceptionnelle sur un art classique encore méconnu du public occidental – celui de l’Inde entre le IVè et le VIè siècle après J.-C., dominé par la civilation Gupta.


Première exposition exclusivement consacrée à l’art Gupta, L’âge d’or de l’Inde classique évoque le developpement progressif de cette période marquée par un épanouissement sans précédent de la pensée religieuse, des sciences et des lettres, et bien sûr, des représentations artistiques.

Quelque cent-dix sculptures (pierre, terre-cuite, bronze), prêtées par les plus grands musées indiens, exposent les canons esthétiques et les modèles iconographiques élaborés à l’époque Gupta. Une influence dont le rayonnement s’étendra dans le temps et dans l’espace, jusqu’au Népal, en Asie du sud-est et en Asie centrale.

Les souverains Gupta sont originaires de l’Inde du nord. Tout comme la première dynastie historique du sous-continent indien – celle des Maurya (IVè-IIè siècle avant J.-C.). Leur puissance naît de l’éclatement du grand empire des Kushâna, vers la fin du IIIè siècle. Leurs terres s’étendent sur une partie de l’actuel Etat du Bihâr, avec pour capitale, l’antique cité de Pâtaliputra (aujourd’hui, Patnâ).
Chandragupta Ier fonde officiellement la dynastie en 319-320, en montant sur le trône d’un petit royaume, dont la destinée restera mémorable. L’empire Gupta atteint son apogée avec les souverains Samudragupta (vers 335-375) et Chandragupta II (vers 375-415). Avant de s’essouffler à la fin du Vè siècle, pour cause d’invasions des Huns Hephtalites – peuple nomade originaire d’Asie centrale.

Suivant un parcours chronologique, le visiteur découvre la genèse, la maturité et le rayonnement de l’art gupta. Des premiers centres de création – Mathurâ (près de New Delhi, Etat de l’Uttar Pradesh) qui se reconnaît à son grès rose et Sârnâth (grès beige de Chunâr), lieu du premier sermon de Buddha situé non loin de Vârânasî (Bénarès) – jusqu’aux foyers périphériques de l’Inde septentrionale.

C’est là que tout se complique! La pensée religieuse indienne est dominée par trois courants: l’hindouisme (ou brahmanisme), le bouddhisme, et le jaïnisme. Chaque pensée développe un nombre incroyable de divinités, dont chacune apparaît aux humains sous diverses formes et possède moult dénominations…
Voici donc un petit lexique pour vous aider à vous y retrouver!

HINDOUISME

Religion indienne issue du védisme (veda = savoir, recueils de textes sacrés)

Les deux grands dieux de la triade hindoue, la trimûrti:

* Shiva = dieu de la destruction et de la dissolution; mais il peut être aussi une divinité bienfaitrice – d’ailleurs, son nom veut dire « bénéfique » – car il anéantit l’Ignorance (Avidyâ). Il est reconnaissable à son troisième oeil frontal et à ses attributs – le trident ou la hache, le tambour, le rosaire. Sa monture est Nandin, le taureau à bosse. Son épouse est la déesse Pârvatî (« fille de la montagne »), avec qui il a deux fils – Ganesha, reconnaissable à sa tête d’éléphant, et Kârttikeya (ou Skanda ou Kumâra), dieu de la guerre souvent accompagné d’un paon. Shiva a pour seconde épouse, Gangâ – le Gange divinisé.

* Vishnu = dieu salvateur du monde. Ses attributs sont la massue, la conque, le chakra (arme de jet en forme de disque). Il a pour monture l’oiseau Garuda.

BOUDDHISME

Fondé par Buddha, au Vè iècle avant J.-C., qui formule les quatre vérités fondamentales sur l’origine de la souffrance et les moyens de s’en délivrer. Il prône le respect de tous les êtres, la non-violence, et la méditation afin d’atteindre la voie du salut.
Le bouddhisme se partage en trois grands courants:
* Hînayâna (« Petit Véhicule ») dit aussi Theravâda = la voie du bouddhisme originel dans laquelle seuls les religieux ont accès au salut. Toutefois, les laïcs peuvent l’obtenir en accumulant un certain nombre de mérites en cours de leurs existences successives;
* Mahâyâna (« Grand Véhicule) = davantage ouvert aux laïcs, aidés sur la voie du salut par les bodhisattava;
* Vajrayâna (« Véhicule de Diamant) ou bouddhisme tantrique = les adeptes peuvent obtenir le salut en une seule existence par des pratiques ésotériques.

Les grands dieux bouddhiques:

* Avalokiteshvara = le Seigneur qui regarde vers le bas; un des principaux bodhisattva dans le bouddhisme Mahâyâna. Divinité qui incarne l’une des deux qualités majeures du Buddha – la compassion.

* Bodhisattva = Etre promis à l’Eveil; renonce au nirvâna, l’extinction totale, pour sauver tous les êtres. Vertu essentielle: la compassion (karunâ), aidée d’une connaissance et d’une sagesse (prajnâ) parfaites.

* Buddha = l’Eveillé, soit à l’origine le Buddha historique (Shâkyamuni). Aujourd’hui, terme générique désignant tout être ayant atteint la libération parfaite, qui permet d’échapper aux cycles des renaissances (samsâra).

* Shâkyamuni = le Buddha historique, Siddhârta Gautama, né près de l’actuelle frontière népalo-indienne, entre le VIè et le Vè siècle avant notre ère selon les historiens. Son père appartenait à la caste des Kshatriya – celle des rois, princes, et guerriers. Ayant pris conscience de la douleur humaine, il part en secret, abandonnant son existence princière, son épouse et son tout jeune fils. Il suit successivement l’enseignement de deux maîtres brahmanes, avant de se soumettre à une dure ascèse. Près de l’actuelle Gayâ, à l’ombre d’un pippâl, Siddhârta devenu Shâkyamuni (« le sage du clan des Shâkya »), entreprend une longue méditation, qui l’amène à l’Eveil, devenant ainsi Buddha. Sa mort se situerait vers 480 avant notre ère ou, selon des études récentes, vers 400 avant J.-C.. Ses reliques funéraires sont enfermées dans un stûpa, qui sert aussi de représentation symbolique du nirvâna et évoque le salut aux yeux des fidèles. Tous les stûpa ne renferment pas de reliques au sens propre du terme, mais certains contiennent des textes saints ou divers éléments lui conférant un caractère sacré.

JAINISME

Le terme jaïnisme provient de la racine sanskrite ji (« conquérir »). Il renvoie au combat que le moine jaïn doit mener contre ses passions afin d’accéder à l’omniscience et à la complète purification de son âme – but religieux du jaïnisme.

Le Tîrthankara (« passeur de gué ») ou Jina (« vainqueur ») est le sauveur qui a réussi à passer tous les cycles de renaissance et établi un passage pour les adeptes. Mahâvîra (VIè siècle avant notre ère) était le dernier des 24 Tîrthankara. Contrairement à Buddha, il est représenté avec une faible protubérance crânienne.

Une première partie passionnante qui permet de découvrir de magnifiques sculptures hindouistes, bouddhiques et jaïnes. Finesse du modelé, pureté et douceur des traits, élégance du tracé expliquent la pérennité de ces premiers canons esthétiques. La seconde partie, à l’étage, présentant l’art des sites régionaux de Bhumârâ, Deogarth, Nâchnâ Kutharâ et Shâmalâjî, complètent le panorama exhaustif de la diversité des modèles iconographiques de l’art gupta. Mais gare à la lassitude qui pourrait poindre pour les visiteurs quelque peu impatients!

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