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Les dessins lumineux de Rembrandt

Lion au repos, Rembrandt d'après nature - (c) Photo RMN/ (c) Jean-Gilles Berizzi - Paris, musée du LouvreRembrandt dessinateur

Musée du Louvre, Hall Napoléon (entrée par la pyramide), 99 rue de Rivoli 75001
20 octobre 2006 – 8 janvier 2007
Rens.: 01 40 20 53 17

L’exposition consacrée à Rembrandt Harmensz. van Rijn (1660-69) au musée du Louvre célèbre les plus beaux dessins du maître hollandais du clair-obscur, conservés essentiellement dans les collections publiques françaises.

Quatre musées (département des Arts graphiques du musée du Louvre, Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, musées de Besançon et de Grenoble) ainsi que deux collections privées (dont la Frits Lugt de l’Institut Néerlandais) rassemblent 64 feuilles, 14 gravures et un autoportrait peint, qui représente Rembrandt au coeur de la création artistique et ouvre l’exposition.


Contrairement à la plupart de ses contemporains, Rembrandt considère le dessin comme un art à part entière, qui n’a pas seulement la fonction d’étude préparatoire à des oeuvres peintes ou gravées. Le dessin lui permet en effet d’aiguiser son sens de l’observation et son imagination.

Rembrandt, dessinateur, se mue en narrateur, attribuant à ses personnages les gestes ou les poses qui expriment le mieux leurs émotions. Nombreuses sont les feuilles, hâtivement esquissées, qui rendent compte d’un mouvement ou d’une expression éphémère mais significative (cf. Vieil homme assis coiffé d’un bonnet).

L’exposition se découpe en huit parties chronologiques qui abordent tous les thèmes traités par l’artiste: les figures domestiques, les représentations d’animaux, les paysages, les personnages bibliques, les « copies » des Grands Maîtres, et les scènes de genre.

Rembrandt naît en 1606 à Leyde mais se forme à Amsterdam auprès du peintre d’histoire Pieter Lastman, dont on retrouve l’influence dans Vieil homme assis dans un fauteuil, considéré comme le premier dessin connu de Rembrandt.

Très tôt, à l’âge de 22 ans (1628), Rembrandt reçoit ses premiers élèves chez ses parents, à Leyde, où il habite encore. Avec son camarade Jan Lievens, le jeune homme prodige s’essaie à la gravure à l’eau-forte. Il deviendra par la suite l’un des plus grands aquafortistes au monde.

Durant ses premières années, Rembrandt s’intéresse aux mendiants, aux petites gens de rue et aux vieillards, dont il admire la sagesse et l’expression psychologique des visages. Il s’essaie à plusieurs techniques: l’encre, la sanguine, et la pierre noire, souvent combinées.

La création de la Compagnie des Indes Orientales (1602) s’accompagne de l’arrivée d’Orientaux aux Pays-Bas, qui y viennent faire du commerce. Intrigué, l’artiste observe avec minutie leurs traits inhabituels pour un Européen.

Rembrandt s’installe à Amsterdam en 1631. Il devient apprenti du marchand d’art Hendrick Uylenburgh, dont il épouse la nièce Saskia (1634). Cet épisode donne lieu à des portraits doux de la jeune femme et quelques scènes intimistes comme Intérieur avec Saskia au lit. A partir de 1635, Rembrant privilégie la représentation des femmes et des enfants (cf. la scène de genre Femme assise avec un enfant sur les genoux).

Dans les années 1640, Rembrandt s’intéresse dorénavant à tous les thèmes de la peinture, afin d’initier ses élèves de manière complète. Il se penche sur les scènes de paysages comme élément autonome de peinture (cf. Vue de l’Amstel avec deux bateaux à voile) qu’il croque à vif. Mais d’autres scènes naturelles sont retranscrites en atelier tout de suite après observation.

Rembrandt se lance également dans la représentation d’animaux. On notera en particulier ses Deux études d’un oiseau de paradis, qui semble tenir miraculeusement en l’air, et bien sûr son Lion au repos, méfiant et féroce.

Les sujets bibliques occupent l’esprit du maître hollandais dans les années 1650 (cf. Jacob écoutant le récit de ses fils revenus d’Egypte) ainsi que les variantes – plus que copies – des oeuvres d’autres artistes (cf. Paysage à l’ours, d’après Titien).

Enfin dans ses dernières années, Rembrandt simplifie ses compositions à l’extrême pour les réduire à l’essentiel, sans nier la complexité des motifs représentés. Dans Cours d’eau aux rives boisées, il se contente de suggérer une atmosphère poétique, qui se rapproche de l’art du dessin chinois avec ses superpositions d’ombres translucides.

L’artiste s’essaie également à la technique du calame – plume de roseau, utilisée par les Anciens pour écrire – dont le Portrait d’homme révèle sa maîtrise parfaite du fonçage de traits. Dans un premier temps, Rembrandt dessine un tracé fin (cf. le visage de l’homme) puis il précise les formes en accentuant les traits avec une encre plus foncée (cf. les vêtements).

Des dessins d’une grande liberté et souplesse de plume, émouvants, qualifiés par Roger de Piles – supposé premier collectionneur français des esquisses de Rembrandt – de « pensées dessinées ».

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