Léon Gimpel (1873-1948), les audaces d’un photographe
Jusqu’au 27 avril 2008
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-et-conference-VISITE-GUIDEE-LEON-GIMPEL-VGLEO.htm]
Musée d’Orsay, niveau 0, côté Lille, galerie de photographie, 1, rue de la Légion d’Honneur 75007, 01 40 49 48 00, 8€
Le musée d’Orsay organise dans sa galerie photographique un hommage au travail de Léon Gimpel et remet au goût du jour la projection de plaques lumineuses. Une pratique photographique aussi célèbre que les séances du cinématographe au temps de la Belle Epoque. Flash back.
Bien que tombé dans l’oubli de la mémoire du XXIe siècle, Léon Gimpel peut se prévaloir de son vivant d’une belle renommée, liée à sa contribution photographique pour le journal L’Illustration.Dès 1897, Gimpel réalise des reportages photographiques pour la presse avec un appareil Belek (9 x 12 cm), puis avec un Spido Gaumont, dont il est plus facile de manier les paramètres.
D’après les mémoires du photographe, Quarante ans de reportages photographiques. Souvenirs de Léon Gimpel, collaborateur à L’Illustration, c’est la beauté des paysages méridionaux qui l’aurait incité à s’approprier la technique photographique. Pour s’aider dans la tâche, il s’abonne – comme tous les photographes amateurs de l’époque – à Photo-revue, mensuel créé par Charles Mendel en 1888. Sans appartenir à aucun des photos-clubs bourgeois qui bourgeonnent suite aux inventions de Nicephore Niépce (1765-1833) et Louis Daguerre (1787-1851), Léon Gimpel se sent porté par le souffle d’invention et l’esprit de liberté qu’agitent ces associations d’amateurs de la fin du XIXe siècle.
Léon Gimpel travaille alors pour l’entreprise familiale de draps et tissus, gérée par son frère aîné, Eugène (1856-1937). En tant que commercial, il sillonne « les plus belles régions du midi de la France et enthousiasmé par les sites et les monuments remarquables de cette contrée, [il ne tarde pas] à regretter de ne pouvoir en garder le fidèle souvenir ». D’où l’achat de son premier appareil chez les Demaria Frères le 31 août 1897.
A partir de 1900, la photographie prend une place primordiale dans la vie de Gimpel. Il est assigné pour la première fois « photoreporter » à l’occasion de l’incendie du Théâtre français (place du Palais Royal) du 8 mars.
Puis, il est chargé de suivre les événements liés à l’Exposition Universelle. La Vie illustrée est la première revue française à publier ses photographies, après le King of Illustrated Papers – revue anglaise à laquelle Léon avait transmis son travail par l’intermédiaire de Paul Géniaux (1873-1914).
De photographe amateur, Léon Gimpel devient donc un professionnel, qui aborde ce nouveau médium avec un esprit expérimental. Il réalise des séries d’images destinées à la vulgarisation scientifique, étant l’un des premiers à extraire le sujet de son contexte. Tels ses champignons, sortis de leur environnement et posés sur un fond neutre.
D’esprit curieux et imaginatif, Gimpel crée des images aux formes nouvelles. Il découvre la vue en plongée lorsqu’il s’embarque sur un dirigeable (meeting aérien de Bétheny). Avant de succomber à la vue en contre-plongée.
Léon aime repousser les limites du medium: « Les difficultés, loin de me rebuter, ont toujours exercé sur moi une attraction irrésistible ».
A partir de 1904, le photographe commence sa collaboration avec le journal L’Illustration, enregistrant l’évolution de Paris, notamment la mise en place de l’éclairage au néon, qui permet de faire des photographies de nuit (cf. les enseignes des grands magasins).
Si l’homme laisse par écrit des souvenirs de sa carrière professionnelle, il ne s’étale pas sur sa vie privée. Il est né à Strasbourg dans une famille d’origine juive de quatre enfants – il est le dernier. En 1870, ses parents, patriotes, quittent l’Alsace, perdue au profit de l’Allemagne, pour rejoindre Paris. En 1878, ils habitent au 38, boulevard de Strasbourg (Paris, 10e). En 1939, Léon épouse Marguerite Bouillon; le couple n’aura pas d’enfants. Les époux quittent Paris, pour une raison inconnue (probablement pour gagner la zone libre) et s’installent en Béarn. D’abord à Pau, puis Jurançon, et enfin Sérignac-Meyracq, où le photographe meurt.
L’exposition rassemble un peu moins de 200 photographies, dans une mise en scène sobre mais luxueuse, qui permet la conservation des autochromes, normalement rarement exposés du fait de leur grande fragilité. Ici, un système spécial d’encadrement et d’éclairage des plaques – grâce à un cadre en mousse et un carton neutre -, évite la multiplication de leurs manipulations.
La dernière salle est consacrée à la projection de plaques lumineuses représentant environ 150 images, numérisées à partir des autochromes et des plaques originales (comptez 20 mn pour voir l’ensemble).
Une belle exposition liée au récent travail d’archivage et de reconditionnement de la Société Française de Photographie (SFP) qui conserve les oeuvres de Léon Gimpel, léguées par sa femme. Par ailleurs, l’analyse du Journal de Gimpel et les archives du journal L’Illustration – également exposé -, ont permis cette mise en parallèle enrichissante. La reconnaissance posthume de cet artiste précoce ne devrait plus se faire attendre.
A voir aussi au musée d’Orsay (galerie d’art graphique): la petite exposition attenante sur les dessins de décors d’intérieurs, intitulée: « Le décorateur et l’amateur d’art ».
Merci pour ton article! Je voulais justement aller voir cette expo!
Bonjour
Trés bon article sur Léon Gimpel.
La raison pour laquelle ils quittent Paris est bien pour gagner la zone libre, mais le béarn n’est pas libre.
Mon arriere grand pére ainsi que ma grand mére les ont cachés (surtout lui car il été juif) à Sévignac-Meyracq, puis à Jurançon au Domaine Castellemont et enfin il me semble, aprés la guerre ils sont repartis vivre tous les deux à Sévignacq-Meracq.
Merci pour votre témoignage et rendons hommage à vos aïeux!