Espace Dali, 11 rue Poulbot 75018, 01 42 64 40 10, 10€
« Fantasmagorique »! Telle est l’impression qui se dégage de l’Espace Dali – le seul musée en France consacré au maître du surréalisme, situé en contrebas de la place du Tertre, à Montmartre. Un lieu hors du temps et coloré qui sied on ne peut mieux à l’oeuvre théâtrale de ce showman à l’imagination foisonnante.
Salvador Felipe Jacinto Dali naît en 1904 à Figueras, au nord de la Catalogne. Sa région natale conservera une place d’importance dans l’oeuvre et la vie du futur artiste, qui manifeste très jeune un goût prononcé pour l’art figuratif. Dali dira: « Les deux choses les plus heureuses qui puissent arriver à un peintre contemporain sont: primo, être espagnol, et secundo, s’appeler Dali. Elles me sont arrivées toutes les deux » (in Les cocus du veil art moderne, Journal d’un génie).
Traumatisé par l’amour surprotecteur de ses parents ayant perdu un premier fils déjà prénommé Salvador, Dali ne cessera de prouver tout au long de sa vie qu’il n’est pas « le frère mort, mais le vivant ». L’enfant développe un tempérament instable et un égo démesuré (« Il y a des jours où je pense que je vais mourir d’une overdose d’autosatisfaction ») qui tente vainement de cacher cette blessure secrète.
Dali étudie la sculpture, le dessin et la peinture à l’Institut San Fernando, l’Ecole des Beaux-Arts de Madrid. Mais il y est rapidement expulsé pour « incitation à la rébellion des élèves de l’Ecole ». Car l’étudiant ne cesse de contester l’aptitude de ses professeurs…
Le musée expose ainsi plus de 300 oeuvres daliniennes. Parmi elles sont disséminées des mannequins recouverts de robes rendant hommage au maître, créées par de célèbres couturiers tels Sonia Rykiel, Paul Smith, Ted Lapidus, Catherine Walker, Zandra Rhodes, etc., et qui font l’objet de l’exposition-événement « Dali & la mode ».
En 1964, Dali lance Le mythe tragique de l’Angélus de Millet, qui est une interprétation de sa théorie sur la paranoïa-critique – méthode qui consiste à voir plus d’objets que dans la réalité. Dali prétend en effet que Millet a caché devant le couple de paysans un objet caché. Parallèlement, il commence à affirmer le rôle essentiel de la gare de Perpignan dans la constitution de l’univers. Bien que ces idées puissent paraître tarabiscotées, Dali assurait ne pas être fou!
A partir des années 1970, Salvador Dali s’intéresse à l’art optique. Grâce aux recherches du cybernéticien américain Leon D. Harmon, il réalise des images doubles dans ses peintures (cf. Gala regardant la méditerranée, qui à vingt mètres se transforme en portrait d’Abraham Lincoln, 1974/75).
Un peu plus tard, il étudie les travaux de René Thom et la « théorie mathématique des catastrophes ». Dali réalise des peintures « hyper-stéréoscopiques », c’est à dire qu’il peint une image pour chaque oeil (cf. Dali de dos peignant Gala de dos, éternisée par six cornées visuelles provisoirement réfléchies par six vrais miroirs, 1972/73).
En 1979, le Centre Pompidou à Paris propose enfin une grande rétrospective sur l’oeuvre de l’artiste.
Dali meurt dix ans plus tard, dans ses appartements proche du Téatro-Muséo Dali (ouvert en 1974), à Figueras.
Enfin, ne manquez pas les extraits d’interview, aux questions et réponses interverties, accrochés le long de l’escalier de sortie, qui apportent tout son crédit au moto de Dali: « Un artiste n’est pas celui qui est inspiré mais celui qui permet d’inspirer ».