Jusqu’au 19 août 2007
Musée des arts décoratifs, 107 rue de Rivoli 75001, 01 44 55 57 50, 8€
En 1969, le musée des arts décoratifs montrait pour la première fois en France l’oeuvre du designer italien, Joe Colombo (1930-1971). Trente-huit ans plus tard, le musée parisien lui consacre une rétrospective à l’image de son oeuvre: internationale, coordonnée, structurée et flexible.
Joe Colombo, de son nom originel Cesare Colombo, se rallie au mouvement de peinture nucléaire (Movimento Nucleare), fondé par Enrico Baj, au début des années 1950. Après cette première filière artistique – picturale – il va se tourner vers la sculpture puis l’architecture. Avant de se consacrer définitivement à la conception de mobilier, de produits industriels et d’intérieurs à partir des années 1960.
Ses premiers dessins (cf. Nuclear City en 1952) annoncaient déjà les concepts phares de sa ligne de création mobilière. Futurisme, amour des courbes, et fonctionnalité.
Mais Colombo est également le concepteur de produits aujourd’hui mondialement connus comme le fauteuil Elda (1963) à la structure autoportante en fibre de verrre, garnie de cuissins de cuir, et dont le dossier enveloppe la tête de celui qui s’y assied. Ou encore les lampes Acrilica (1962) et Alogena (1970).
La mort prématurée de ce génie du design – il meurt d’un infarctus le jour de ses 41 ans – met un terme à la concrétisation de son « oeuvre totale ». Mais sa collaboration avec les plus grandes maisons d’édition (Kartell, Zanotta, O-Luce) a permis d’exporter ses idées à travers le monde. Et a contribué à diffuser la renommée de celui qui aimait dire: « Tous les objets dans une maison doivent être partie intégrante des pièces d’habitation afin qu’on ne parle plus de meubles mais plutôt ‘d’équipement' » (1971).
Si cette volonté aigue de rationnalisation du mobilier ne plairait pas aux aficionados des reliques de brocantes, les meubles anciens étant on ne peut plus encombrants et anti-fonctionnels dans un environnement urbain moderne, l’exposition du musée des arts décoratifs mérite le coup d’oeil. Car c’est un véritable plaisir de se confronter à la vision futuriste de Joe Colombo et d’évoluer dans une scénographie tout en courbes et déliés. Qui contraste fortement avec la rectitude des panneaux descriptifs et l’aseptisation qui se dégage des « cellules d’habitation », où rien n’est laissé au hasard. Bazar et gaspillage sont bannis de cet univers, dans lequel même les meubles sont productifs, rentables, en somme capitalistes!