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Le melting-pot des sources d’inspiration de la peinture arménienne

Peintures en Arménie, 1830-1930

Jusqu’au 19 août 2007

Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, avenue Winston Churchill 75008, 01 53 43 40 00, Entrée libre.

Dans le cadre de l’Année de l’Arménie en France, le Petit Palais propose une exposition qui rend hommage aux artistes arméniens du XIXe siècle. Avec panache.

Bien qu’il s’agisse d’une exposition discrète, présentant une petite quarantaine d’oeuvres – huiles, pastels, tempera et dessins -, l’ensemble sait mettre en valeur la dynamique de la création arménienne au XIXe siècle. Du Romantisme au Fauvisme en passant par le Réalisme et le Symbolisme, la diversité des styles occidentaux enrichit une peinture nationale et patriotique.

Des panneaux explicatifs précis et clairs agrémentent en soulignant, non en rivalisant avec, des toiles lumineuses, porte-paroles des coutumes, des modes vestimentaires brodées – comme dans les portraits de Hakob Hovnatanian (1806-1929) -, des paysages, des croyances religieuses et de l’histoire d’un pays biblique.
Les prophètes ne proclamaient-ils pas en effet que l’Arche de Noé s’est échoué en haut du mont Ararat? Comme l’illustre la majestueuse marine d’Hovhannes Aïvazovski (1817-1900), sur qui ne tarissaient pas d’éloges Delacroix et Turner.

Mais ce destin estraordinaire a tourné cours lorsque les Russes et les Ottomans se sont mis à se disputer le contrôle de cette République du Caucase. Pour dénoncer la répression organisée entre 1894 et 1896 par le sultan Abdul Hamid, Vardgues Souréniants (1860-1921) peint la Sainteté bafouée (1895). A l’arrière plan, un homme d’Eglise gît mort. Autour de lui, le lieu de culte est profané.
Et, à partir de 1923, le tant aimé mont Ararat est rattaché à la Turquie…

Une histoire troublée, à l’image de la topographie du pays, avec ses montagnes acérées, ses terres ocres arides que révèlent les paysages de Panos Terlémézian (1865-1941). Sous des cieux azurs et moutonneux, dépeints avec brio par le fondateur de l’école paysagiste, Guevorg Bachindjaghian (1857-1925).

Terre d’extrême et de brassage multiethnique, il paraît tout naturel que les artistes arméniens, formés dans les écoles orientales (Moscou et Saint Pétersbourg) à partir de 1828 et européennes (Madrid et Paris), synthétisent ces diverses influences dans leur art national. Ainsi, Stepan Aghadjanian introduit du réalisme dans ses portraits sous l’influence de son « maître » Gustave Courbet. Eghiche Tadévossian (1870-1936) s’entiche de Post-impressionnisme comme l’atteste le portrait de sa femme Justine, lisant allongée dans l’herbe, une ombrelle refermée derrière elle. Martiros Sarian (1880-1972) simplifie ses formes et confère à ses aplats des couleurs pures, tel l’art des Fauves. Tandis que Serguei Yakoulov (1884-1928), l’un des promoteurs du Constructivisme (cf. la décoration du Café Pittoresque à Moscou, avec l’aide de Vladimir Tatline et Alexandre Rodtchenko) s’amuse à opposer les courbes de l’écriture cyrilliques et europénnes et les lignes géométriques des costumes (dont seules les courbes sont marquées) de ses personnages.

Si cette exposition met en valeur ce que les artistes arméniens ont su importer dans leur art, elle montre également ce que les descendants de ces populations violentées, souvent exilées, ont su apporter au monde, en rendant un hommage honorifique à leurs sources d’inspiration.

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