Première rétrospective en France du duo Fischli (né en 1952) & Weiss (né en 1946), Fleurs et Questions, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, présente les différents thèmes et supports artistiques abordés depuis 1979 par les deux compères suisses.
Délibérément non chronologique, cette exposition mixe la photographie, les sculptures, le film, la vidéo et l’installation. Elle dévoile un art ludique et dérisoire, qui rappelle l’esprit dadaïste.
Des références combinées entre cultures intellectuelle et populaire apportent un subtil décalage qui trouble les perceptions et convictions du spectateur.
Ainsi, la centaine de sculptures en argile non cuite, regroupées sous le titre Soudain cette vue d’ensemble (1981-2006), évoque avec humour une histoire de l’humanité avec la découverte de la nature (cf. deux singes incompréhensifs au pied d’un monolithe), de la musique (cf. Mick Jagger et Brian Jones rentrant chez eux satisfaits après avoir composé I can’t get no satisfaction), des sentiments (cf. l’opposition populaire entre le bon [Das Gut] / le mauvais [Das Schlecht], du sport, de la sience (cf. la théorie: un homme marchant sur ses bras, les pieds portés par un autre / la pratique: une brouette!).
Absurdité et humour également dans le film Le droit chemin (1982-83), dans lequel les artistes incarnent un rat et un ours – personnages créés pour leur précédent tournage La moindre résistance. Accoutrés de manière théâtrale, le duo évolue dans un paysage montagneux romantique, alors qu’ils interprètent une parodie du mythe de la caverne, de celui de Prométhée et d’autres découvertes plus ou moins grandes…
Le film Le cours des choses (1987) montre une expérience rocambolesque conçue par les artistes qui ont minutieusement orchestré un enchaînement de figures acrobatiques à partir d’objets du quotidien (théière, pneu, seau, ballon, etc.). Sur l’écran de gauche on peut observer ces réactions en chaîne d’autant plus absurdes qu’elles déclenchent des effets pyrotechniques sonores et burlesques. Tandis que l’écran de droite reconstruit la mise en place de cette expérience qui s’apparente à celle de deux gamins jouant avec le feu, certes de manière intelligente!
Côté photographie, une première série Airports (1987-2006) fait face à Fleurs, Champignons (1997-98) pour évoquer le cliché de la beauté naturelle confrontée à celle de paysages humanisés. Idem pour la série Monde Visible (1987-2000), qui rassemble une collection de 3.000 photographies prises lors des nombreux voyages des artistes.
Mise encause du stéréotype de la photo de vacances, qui montre de manière superficielle le monde visible mais qui n’en reste pas moins esthétique.
Peter Fischli & David Weiss ont reçu le Lion d’Or de la Biennale de Venise en 2003. Bien que vivant et travaillant à Zurich, ils seront présents au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, le mardi 20 mars 2007, à 19h. Une rencontre inédite avec deux énergumènes qui n’ont pas fini de faire parler d’eux…