Au Diable Vauvert, août 2012, 15€
Par un simple mot conducteur reliant un paragraphe à l’autre, Régis de Sa Moreira parvient à donner vie aux personnages de son cinquième roman de manière émouvante. La vie éblouit par la finesse des sentiments décrits et de l’observation du quotidien humain.
« C’est le premier garçon qui m’aime. Je ne sais pas comment il fait mais je me repose sur lui et j’arrive presque à m’aimer aussi. Tout arrive, comme dit l’autre…
J’ai un nom, merde! Personne ne s’en sert jamais. Mes enfants m’appellent papa, ma femme chéri, ma mère mon petit, ma soeur enfoiré, je ne sais même plus qui je suis…
Un enfoiré. On hérite ensemble d’un magnifique manoir à la campagne et il préfère le vendre plutôt que de le partager. Si Bonne-Maman n’était pas complètement gaga, elle en mourrait de tristesse…
Je comprends tout mais je fais semblant. C’est beaucoup plus simple. Je suis lasse des déceptions de ce monde, j’aime mieux sucrer les fraises en attendant de rejoindre Bon-papa…
Voilà dix ans que j’attends son arrivée, je nous ai trouvé un petit nuage, je crois qu’elle va l’adorer. C’est drôle de regarder les vaches d’aussi haut, on croirait des fourmis… » (pp. 53/54).
A l’image du titre du roman, si sobre et si puissant, le style littéraire de Régis de Sa Moreira relève à la fois d’une grande légèreté et d’une profondeur implacable. Contrairement au dernier roman de Philippe Delerm, sorti de manière concomitante. Je vais passer pour un vieux con s’étend sur les petites phrases de la vie, ces expressions toutes faites que l’on prononce sans réfléchir mais que l’auteur pense bon de décrypter pour révéler les dessous de la gente humaine. Parfois drôle et juste, c’est avant tout un exercice de style, privilégiant la pompe et l’apparat. Aux dépens de la finesse narrative.