Centre Pompidou, 75004
5 octobre 2006 – 5 février 2007
Rens.: 01 44 78 14 63
Artiste mal-compris de son temps – tautologie ? – Yves Klein (1955-62) est à l’honneur du Centre Pompidou pour une rétrospective exhaustive de son art multiforme, et conceptuel avant l’heure.
Cent vingt peintures et sculptures, accompagnés de cent soixante dessins et documents relatifs à l’artiste sont répartis selon un parcours scénographique articulé autour de trois thèmes – le corps, la couleur et l’immatériel. Une triple thématique qui correspond à trois concepts clés dans le jargon artistique de Klein: l’imprégnation, l’illumination de la matière, et l’incarnation.
Imbibition du public
Le terme imprégnation renvoie à une citation de l’artiste – seuls ses écrits éclairent les différents objets présentés dans l’exposition: « Je prévois aujourd’hui, pour l’avenir, que la réelle manière de visiter l’espace, plus loin, infiniment plus loin que notre univers solaire et autre univers, sera non pas des fusées, rockets, ou des spoutniks, mais par imprégnation ». Ainsi, Yves Klein propose au visiteur de vivre l’expérience de la « révolution bleue », c’est à dire la diffusion de la sensibilité picturale au monde, visible et invisible. Autrement dit, passez du bleu – une couleur hors dimension, qui « rappelle tout au plus la mer et le ciel », soit « ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature tangible » -, passez du bleu donc à l’immatériel, du visible à l’invisible.
Contemplation également de son « théâtre de l’immatériel », qui regroupe toutes les propositions de l’artiste pour atteindre l’art absolu: rituels, gestes, publications, oeuvres sonores (malheureusement pas toujours audibles).
Une matière qui s’illumine
La chair comme outil d’art
Trilogie spirituelle
Apothéose d’une quête artistique
L’artiste meurt d’une crise cardiaque à l’âge de 34 ans – après la projection au Festival de Cannes du film Mondo Cane de Gualtiero Jacopetti (1962), qui tourne en ridicule son oeuvre. Un fin tragique, preuve ultime de sa sensibilité hors paire, qui lui permettait via son imagination débridée d’atteindre la vie, c’est à dire l’art absolu.
Cette exposition tente d’expliciter – par des objets visibles – les différents concepts qui ont présidé à l’art d’Yves Klein. Une mission evidemment complexe qui requiert un certain degré d’implication spirituelle mais qui se veut avant tout une expérience humaine, sensible. A la portée de tous, donc!