Le botaniste, chercheur au CNRS, et plasticien, Patrick Blanc – célèbre pour son concept de Mur Végétal – fait vivre le contenu de son dernier livre, Le Bonheur d’être plante, à l’Espace EDF-Electra.
Drôle de surprise une fois passés les lourds rideaux noirs de l’entrée. De la froidure hivernale, nous nous retrouvons d’un seul coup projetés dans une atmosphère tropicale, humide et chaude. Avec au-dessus de la tête, en guise de bienvenue, une treille végétale composée de mille plantes de vingt espèces différentes, aux noms les plus exotiques les uns que les autres: Hoya, Rhipsalis, Aeschymanthus, Columnea, etc.!
La découverte de ce milieu lointain, qui a passionné tout jeune Patrick Blanc (né en 1953) – il réalise son premier voyage d’étude en Malaisie et en Thaïlande en 1972 – se poursuit avec la mise en parallèle de deux types de milieu tropical: les vallées des hautes et des basses énergies.
Dans le premier cas, les plantes, bien exposées à la lumière en lisière des forêts, croissent rapidement mais luttent entre elles pour dominer l’espace.
Tandis que les plantes en sous-bois, recevant seulement 1% d’énergie lumineuse, présentent une architecture plus élaborée, et surtout, une meileure diversité.
D’où le message que semble nous communiquer les plantes: dans les milieux riches, la survie est à la fois plus aisée matériellement mais l’est beaucoup moins spirituellement du fait de la compétition qui règne. A l’inverse, un milieu plus exigeant contraint certes à l’innovation mais permet à chacun de vivre dans l’harmonie…
Autre adaptation naturelle et ingénieuse de certains végétaux: leur mutation de couleur. Les cryptiques sont des plantes se rendant invisibles grâce à des substances chimiques qui leur permettent de se confondre avec les feuilles mortes (ne pas rater l’entretien vidéo de Patrick Blanc qui détaille le phénomène). Au contraire, les bégonias (installation ausous-sol) choisissent une stratégie de camouflage en se parant de doré, de bleu ou de vert métallisé. Mais est-ce pour effrayer leurs ennemis carnivores ou pour mieux filtrer la lumière? Le mystère reste entier pour les botanistes.
L’étage supérieur reproduit et réactualise une expérimentation de 1978 réalisée au centre Pierre et Marie Curie. Les « flûtes aux rhéophytes » présente dans de longs tubes en verre des plantes – Anubias, Cryptocoryne, Crinum, etc. – soumises à un fort courant d’eau. Celles-ci ont développé de longues feuilles effilées ou bullées. Elles ont ancré leurs racines profondément pour résister au courant et trouver une source continue d’eau pendant les périodes de sécheresse.
De part et d’autre de cette installation sont exposées de magnifiques photographies des fleurs et des fruits de plantes exotiques.
L’exposition se termine par une « pirouette » dixit Patrick Blanc grâce à la reconstitution des vapeurs et des rochers verticaux recouverts d’Helxine, d’Ixeris, d’Hépatiques, etc., de la légendaire baie d’Along.
Un grand voyage exotique vous attend…dans le VIIè arrondissement de Paris! Une expo incontournable en ce début d’année.