Jusqu’au 24 août 2008
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-SUPERDOME-DOME.htm]
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris et Palais de Tokyo, 11 et 13 avenue du Président Wilson 75116
Pour sa première exposition parisienne, Jonathan Monk (né en 1969) investit une partie du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (MAMVP) et est inclus de manière concomittante dans la programmation de Superdome, la nouvelle exposition expérimentale du Palais de Tokyo. Déboussolement assuré!
TIME BETWEEN SPACES
L’artiste britannique Jonathan Monk présente sa première exposition d’envergure à Paris. A l’image de sa bicyclette Constantly Moving Whilst Standing Still (2005) – deux roues tournant sans interruption dans un sens opposé -, J. Monk s’interroge sur la place de l’artiste contemporain. Que reste-t-il à créer après le tsunami dévastateur laissé par les pionniers de la modernité?
Dans Time Between Spaces, J. Monk occupe deux espaces institutionnels qui se font face, tout en étant structuré de manière identique et s’inscrivant dans une continuité artistique. L’oeuvre s’inscrit dans un temps qui semble élastique et fonctionne en stéréo.
Ainsi, l’artiste réalise The Outside of Something (2008) – le pourtour d’un puzzle en acier – entreposé au MAMVP, tandis que les pièces intérieures du puzzle sont installées au Palais de Tokyo (The Inside of Something). Le premier expose Before a Bigger Splash (2006) – une reprise de l’oeuvre de D. Hockney représentant l’eau limpide d’une piscine avant une « bombe » – et le second After a Bigger Splash. Une affiche du Tour du Monde en 80 jours est accrochée au MAMVP tandis que le Palais de Tokyo présente une boule géante mirroitant à 360° la salle d’exposition (Giant Mirrored Balloon, 2008), symbolisant le monde. Des talkies-walkies (Sending and Receiving Receiving and Sending, 2008) sont placés dans les deux institutions. Deux horloges à balancier se faisant face [The Odd Couple (French version), 2008] remontées à la même heure le jour 1 de l’exposition donneront au fil du temps une indication horaire forcément décalée. Le film Retour vers le futur (1985) de R. Zemeckis (Palais de Tokyo) est quant à lui diffusé par un système d’alternance de cassettes, dont le signal vidéo se détériorera progressivement.
Au final, Jonathan Monk multiplie les référents et s’inspire de la vie quotidienne afin d’ébranler l’autorité sacrée de l’oeuvre d’art.
Une thématique que l’on retrouve dans les différentes installations de Superdome (Palais de Tokyo).
SUPERDOME
Tristement au coeur de l’actualité, le Superdome de La Nouvelle-Orléans (Louisiane) a accueilli des milliers de réfugiés après le passage de l’ouragan Katrina. Mais ce stade mythique est également célèbre pour ses Super Bowls (finales des championnats de football américain) et ses tribunes oratoires, des Rollings Stones au Pape Jean-Paul II en passant par la Convention Républicaine.
Partant de cette vocation hybride, Marc-Olivier Wahler, directeur du Palais de Tokyo, propose une exposition composée de cinq entités aussi antinomiques que la logique de gestion du stade.
Deux autres installations (non terminées le jour du vernissage presse) complète ce panorama ahurissant. L’une d’elle, de ce que j’ai pu en voir à l’extérieur du Palais, est constituée de sacs de magazines recyclés autour de bennes de recyclage (?). La commission de sécurité étant passée la veille, les intervenants ont du remédier à quelques défauts sécuritaires…
Le Palais de Tokyo a été conçu comme un lieu d’expérimentation et d’innovation. « Il offre une nouvelle façon de vivre l’art au plus près de son époque », explique le communiqué de presse. En ce sens, Superdome répond indéniablement à ce choc des cultures! On peut toutefois se poser la question de la pertinence de certaines oeuvres – celles qui ne relèvent plus uniquement ou pour majeure partie d’un artiste (seul ou en collectif) mais qui ont recours à une multitude d' »artisans » pour leur réalisation. Quelle est dans ce cas la part créative redevable à celui qu’on appelle artiste? Et, au-delà de l’effet de provocation, qu’apportent ces oeuvres à notre compréhension du monde?