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« Les couleurs signifiaient quelque chose pour chacun de nous »

Joel Meyerowitz – Une rétrospective

Jusqu’au 7 avril 2013

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Maison Européenne de la Photographie, 5/7 rue de Fourcy, Paris IV

 

Enfin une exposition qui me touche à la Maison Européenne de la Photographie (MEP)! Avouons qu’avec un artiste aussi confirmé que Joel Meyerowitz à l’affiche, j’aurais eu du mal à faire la fine bouche! Son exposition, encadrée de celle de Martial Cherrier (3e étage) et de Diane Michener (1er étage), se détache avec une intensité bouleversante.

 

Joel Meyerowitz naît dans le Bronx en 1938. Enfant des rues, il deviendra l’un des plus influents photographes de sa génération et notamment de l’école allemande de Düsseldorf.

C’est sa rencontre avec Robert Frank qui lui donne l’envol nécessaire. « Je ne savais absolument pas qui c’était à cette époque-là, mais en quelques minutes, je me suis rendu compte que je n’avais jamais vu quelqu’un bouger ou utiliser un appareil photo de cette manière. Je l’observais pendant toute la scène, et chaque fois que j’entendais le déclic du Leica, je voyais ce moment s’illuminer, l’apogée absolue de cet instant! » (in Taking my time).

J. Meyerowitz souhaite dès lors photographier, en bougeant comme son mentor, les rues de New York avec un appareil 35mm. Il se lie d’amitié avec Tony Ray-Jones, Lee Friedlander, Diane Arbus.

Après un voyage d’un an en Europe (1966/67), il se consacre exclusivement à la couleur (début des années 1970). Sa premier livre, Cape Light, fait aujourd’hui office de référence classique dans le monde photographique. L’artiste y explore les variations chromatiques au contact de la lumière. « J’ai [alors] constaté que l’image en couleur était plus riche d’informations, qu’il y avait beaucoup plus à voir et à réfléchir, tandis que le noir et blanc réduisait le monde à des nuances de gris »

Avec son 35mm, Joel Meyerowitz capture « l’instant décisif » tandis qu’il révèle les beautés de la nature avec sa chambre Deardorff 20×25.

Le visiteur peut admirer les deux pans de son travail dans cette exposition qui mêle des images de l'activité urbaine new yorkaise et européenne. Jusqu'à la catastrophe du World Trade Center qu'il documente pendant neuf mois, en dépit de l'interdiction aux photographes de se rendre sur Grounz Zero, considéré par la police comme une scène de crime. 

Une oeuvre forte qui sait capturer les moments insolites de la vie (un homme qui porte son caniche géant). Mais aussi plus graves (on devine les sentiments peu nobles qui animent ce vieil homme blanc face à son compatriote noir). Quant aux photos des tours du WTC démolies, elles sont détonnantes : violence de ces tonnes de ferraille désarticulée, émotion devant les petites voitures abandonnées dans une crèche, on se demande comment les ouvriers peuvent garder le sourire et la force de travailler devant tant d’horreur. Un témoignage photographique qui contraste avec la sérénité des beautés de la nature (vues aquatiques du Massachusetts), accrochées sur la cimaise d’en face.

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