Les pieds dans l’eau / Le cinéma à l’estomac
Jusqu’au 18 septembre 2022
#ExpoPainlevé / #ExpoHugonnier
@jeudepaume
Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, jardin des Tuileries, Paris 1er
Jean Painlevé (1902-1989) et Marine Hugonnier (née en 1969) – deux cinéastes de réputation internationale – sont à l’honneur au Jeu de Paume. Univers poétique et scientifique pour l’un, regard critique sur les idéologies politique pour l’autre ; cette nouvelle programmation vous prend aux tripes !
LES PIEDS DANS L’EAU
Exposition analytique, « Les pieds dans l’eau » révèle les techniques d’exploration cinématographique de Jean Painlevé, passionné de sciences. Son crédo : donner à voir en grand les micro-organismes. Crabes, crevettes, Bernard-l’ermite, oursins, étoiles de mer, hippocampe sont magnifiés pour en révéler les caractéristiques biologiques. Painlevé réalise ses premiers films à Port-Blanc (Bretagne) avec sa compagne Geneviève Hamon, assistés d’Éli Lotar ou d’André Raymond.
« Sur les deux cents films qu’il a réalisés, seuls 10% sont destinés au grand public », précise Pia Viewing, commissaire de l’exposition. « Le reste est composé de films scientifiques. Painlevé accompagne les médecins, mathématiciens, physiciens et astrophysiciens, zoologistes, etc., dans leurs recherches, qui évoluent à grande vitesse dans les années 1930 à 1970. »
Ralentis, accélérés, variations de lumière et d’échelle afin d’atteindre une certaine forme d’abstraction ou de « réalisme fantastique », confèrent aux films un sentiment envoûtant et poétique.
LE CINÉMA À L’ESTOMAC
Cinéaste franco-britannique, Marine Hugonnier déconstruit notre référent visuel habituel. À partir de la photographie de Raphaël Helle, publiée dans la Une du Monde du 21.10.2021, qui montre un homme tenant une pompe à essence dans la main, elle recadre l’image sur huit nouvelles Une, pour donner l’impression de voir un homme un pistolet dans la main, directement tourné vers le lecteur.
Au centre de la pièce, une composition florale comprend des fleurs peintes, changées régulièrement pour créer une « nature morte vivante ». Dans Meadow Report (2021), en référence au rapport Meadow (livre d’écologie politique sur les limites de la croissance, 1972), l’artiste filme le microcosme du jardin de Giverny et sa célèbre passerelle verte, avec une image finale abstraite digne du maître des impressionnistes. Dans la salle suivante a lieu une performance sur une copie du tableau de Delacroix, La Liberté guidant le peuple, où une restauratrice « autopsie » le tableau en direct.
Mais l’oeuvre qui m’a le plus marquée est Dispatch from Przemysl (Notes for a Democratic Europe), documentaire réalisé au 21e jour de l’invasion de l’Ukraine, sur les bénévoles qui aident ceux qui fuient la guerre. L’accumulation de l’esthétique en noir et blanc, le focus sur la solidarité civile, et la vison de ces âmes en fuite, notamment de ces mères au regard inquiet avec leurs enfants à moitié endormis, dans cette gare du sud-est de la Pologne, créent un effet dramatique bouleversant.
Encore une superbe programmation sous la supervision du nouveau directeur Quentin Bajac !