Jusqu’au 7 juillet 2008
[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-MUSEE-DU-LOUVRE–merc—vend-soirs–MULO2.htm]
Musée du Louvre, Département des Peintures, Ecole du nord, Aile Richelieu, 2e étage, 75001, 01 40 20 53 17, 9,50€
Décidément, le musée du Louvre nous surprend! Là, où nous nous attendions à une exposition antique solide – Babylone -, il nous déçoit. A l’inverse, le musée se démarque avec son approche de l’art contemporain. Après le succès de « Contrepoint », le Louvre renouvelle l’expérience en invitant Jan Fabre à dialoguer avec les maîtres anciens. D’origine flamande, l’artiste choisit les salles consacrées aux écoles du Nord. Entre vie et mort, son travail se veut cathartique tandis que l’artiste se prend pour « l’ange de la métamorphose ».
Jan Favre (né en 1958 à Anvers) a mis deux ans pour préparer cette exposition d’envergure. A travers un parcours qu’il définit comme une « dramaturgie mentale », l’artiste entend aller plus loin qu’un simple dialogue entre son art et les oeuvres historiques du musée. Il perçoit l’exposition comme « une forme d’étymologie de la recherche par le regard ». « Que nous apprennent aujourd’hui les oeuvres anciennes et que signifie l’art? » (extrait du catalogue de l’exposition).
Le point de départ de la réflexion de Jan Fabre réside dans l’entomologie. Il reconnaît avoir été influencé par l’homme de lettres et de sciences, Jean-Henri Fabre [1823-1915, même patronyme mais aucun lien de famille], et ses fameux Souvenirs entomologiques.
L’exposition débute par un autre autoportrait, Je me vide de moi-même, 2007. Dans ce dernier, l’artiste s’assimile au nain du tableau contre lequel il se heurte. Il exprime ainsi sa volonté de laisser sa vanité à l’entrée de l’exposition. « C’est évidemment un risque énorme que d’engager un dialogue avec les grands maîtres », reconnaît Jan Fabre. « Au fond on ne peut que se planter. J’avais conscience de devoir faire preuve d’humilité ».
Autres figures récurrentes de son travail, le hibou (cf. Les Messagers de la mort décapités, 2006), le scarabée (cf. Salvator Mundi, 1998) – son insecte fétiche depuis la fin des années 1970 -, le perroquet, l’agneau (cf. Sanguis sum, 2001) et le chevalier.
Dans son ensemble, l’oeuvre de Jan Fabre se caractérise par une esthétique du grotesque, à l’instar des peintres flamands, de Bosh à Rubens. De même, en recourant aux matériaux organiques (os, sang, etc.), il se place dans la lignée des artistes de l’école du Nord qui les utilisaient mêlés aux pigments. Pour obtenir ces couleurs exceptionnelles.
Jan Fabre cherche autant à provoquer, en présentant des oeuvres macabres, qu’à apporter une nouvelle lecture des Anciens. Il est certain que vous ne regarderez plus de la même manière le Boeuf écorché de Rembrandt – déjà qu’il ne fallait pas être de sensibilité végétarienne! – après avoir vu son pendant fabrien. Une masse de chair recouverte de scarabées qui semblent dévorer le morceau de viande… Mais cette volonté de burlesque se fait dans la liesse, renouvelant ainsi l’art du carnaval.