Jusqu’au 20 février 2017
[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-BILLET-EXPOSITION-CHTCHOUKINE-CHTCH.htm#/calendrier/]
Catalogue de l’exposition :
Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, Paris 16e
La Fondation Louis Vuitton présente la collection de Sergueï Chtchoukine (1864, Moscou – 1936, Paris), collectionneur russe grand amateur de l’art moderne français. Dispersées en 1948, ses oeuvres sont aujourd’hui rassemblées pour la première fois et donnent à voir un nombre impressionnant de maîtres : Cézanne, Degas, Derain, Gauguin, Matisse, Monet, Picasso, Rousseau, Van Gogh…
Près de 130 chefs-d’oeuvre impressionnistes, post-impressionnistes et modernes sont exposés, aux côtés d’une trentaine de toiles des avant-gardes russes (Malévitch, Rodtchneko, Tatline, Gontcharova…).
Grand industriel moscovite, Chtchoukine devient à partir de 1898 un mécène d’envergure grâce à ses relations avec les marchands Paul Durand-Ruel, Ambroise Vollard, Berthe Weill, puis Georges Berheim et Daniel Henry-Kahnweiler. Conscient du caractère novateur, parfois provocateur, des œuvres qu’il a réunies, Sergueï Chtchoukine veille à ce qu’elles soient accessibles à tous en ouvrant sa Galerie de peintures au public dès 1908. C’est lui même qui accroche les oeuvres aux murs de son Palais Troubetskoï, au gré de ses acquisitions.
« La collection Chtchoukine avait acquis en Europe, durant la première moitié du siècle, un statut quasiment légendaire », précise Anne Baldassari, commissaire général de l’exposition (Conservateur du Patrimoine). Mais elle a été « occultée durant près d’un siècle pour des raisons idéologiques. […] Les peintures disparaissaient en Russie au sortir de l’atelier, parfois ‘encore fraîches’ pour ne plus en revenir. »
Fuyant la révolution bolchévique, Chtchoukine s’exile à Paris en 1918. Mais au lieu d’entretenir les relations d’amitié et de dialogue qu’il avait établi avec les marchands d’art, collectionneurs et artistes, l’homme âgé de 64 ans se replie sur sa vie privée et s’éteint en 1936.
Le prestige de sa collection est évoqué une dernière fois en 1925, par Boris N. Ternovets (directeur du musée de l’Art moderne occidental, de 1919 à 1937), dans la revue de L’Amour de l’Art. Seulement, sans l’appui matériel des oeuvres, elle tombe dans l’oubli.
Lénine nationalise la collection en 1918. Dans un premier temps, elle devient le joyau du Musée de l’Art moderne occidental, premier musée d’art moderne créé à Moscou (1921). Ensuite, elle subit une campagne de dévaluation car reflétant un « art bourgeois. Elle est finalement divisée en 1948 sur décret de Staline, entre le musée Pouchkine (Moscou) et le musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg). Les oeuvres sont interdites d’exposition et de publication.
Il faut attendre la mort de l’homme de fer et la politique de dégel pour que l’art moderne occidental retrouve son aura. Picasso, encarté au parti communiste en 1944, joue un rôle actif de médiateur. Par la suite, expositions et recherches scientifiques permettent de valoriser des pans, ici ou là, de la collection Chtchoukine.
« Icônes de l’art moderne » réunit pour la première l’ensemble des oeuvres collectionnées par Chtchoukine. Le parcours suit le fil chronologique de la période 1898-1914, tout en proposant des sections monographiques (Monet, Gauguin, Matisse, Picasso) et thématiques (Première collection de toiles romantiques et symbolistes, Paysage, Autoportraits, Portraits, Natures-mortes). Le genre du nu – sujet tabou pour le collectionneur – est évoqué sous forme elliptique à travers des allégories telles que Le Bois sacré de Maurice Denis, Nymphe et satyre de Matisse, ou Trois Femmes de Picasso.
Même avec un billet réservé, vous risquez de faire la queue : dehors pour entrer dans le musée et passer le sas de sécurité comme à l’aéroport puis à l’intérieur pour déposer votre manteau et ensuite pour suivre le parcours divisé sur quatre étages. Evidemment, choisir un samedi après-midi n’était certainement pas le meilleur créneau horaire ! Cela dit, au regard du nombre de visiteurs, j’avais peur que les oeuvres soient impossibles à admirer ; ce qui n’est pas le cas. L’espace est suffisamment grand pour permettre une certaine fluidité et les oeuvres, contrairement à leurs cimaises du Palais Troubetskoï, ne sont pas ratatinées les unes sur les autres ! Avec une bonne dose de patience, vous ne regretterez pas votre visite.