2 place de la Concorde, Paris 8e
À partir du 12 juin 2021
Grand événement patrimonial de la saison, l’Hôtel de la Marine ouvre ses portes au public, après quatre années d’intenses travaux de restauration, pour rendre sa gloire à l’ancien Garde-Meuble de la Couronne. Un lieu emblématique, pierre d’angle d’une promenade historique entre la rue Royale et la place de la Concorde.
C’est en 1663 que naît officiellement l’institution du Garde-Meuble de la Couronne (GMC) sur ordre de Louis XIV, conseillé par Colbert. Son premier architecte se nomme Ange-Jacques Gabriel. La première pierre de ce qui deviendra l’Hôtel de la Marine est posée en 1758.
Pierre-Elisabteth de Fontanieu devient le premier intendant du GMC en 1767. Trois ans plus tard, des appartements sont réservés au sein du GMC pour les préparations du mariage du Dauphin, futur Louis XVI, et de Marie-Antoinette.
En 1784, Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray succède à Fontanieu. Si le premier intendant était célibataire et libertin, le second emménage avec femme et enfants. Madame de Ville-d’Avray fait aménager la chambre de Fontanieu et remplace les femmes nues du décor par des putti.
En 1789, les révolutionnaires volent les armes des collections du GMC. Le ministère de la Marine prend partiellement possession du lieu.
Trois ans plus tard, les joyaux de la Couronne sont volés, cinq jours durant. On peut encore voir dans le volet en bois, la petite découpe qui avait permis de pénétrer dans la salle.
En 1793, le procès-verbal qui édicte l’exécution de Marie-Antoinette est signé dans le boudoir-bibliothèque.
En 1800, Napoléon Bonaparte renomme le GMC en Garde-Meuble des Consuls puis en Mobilier National. Il organise un bal à l’Hôtel de la Marine après son sacre.
En 1806, le ministère de la Marine occupe la totalité du bâtiment.
En 1836, Louis-Philippe assiste à l’érection de l’obélisque de Louxor depuis la loggia de l’Hôtel. La vue y est imprenable ! En 1989, François Mitterand et 77 chefs d’État assistent au défilé de Jean-Paul Goude pour les célébrations du bicentenaire de la Révolution depuis ce même endroit.
L’acte d’abolition de l’esclavage est signé dans le cabinet d’audience du surintendant (1848). Les murs sont recouverts de lés de soie à la flore et faune exotique.
L’Hôtel de la Marine est classé Monument Historique en 1862.
Le ministère de la Marine quitte les lieux en 2015. Se pose alors la question du devenir du bâtiment. Nicolas Sarkosy diligente une commission, dirigée par Valéry Giscard d’Estaing. Elle en conclut que le lieu doit rester dans la sphère publique. Sa gestion est confiée au Centre des monuments nationaux.
La visite, fondée sur le principe d’une découverte comme si les occupants des siècles précédents venaient tout juste de quitter les lieux (lits défaits, coques d’huîtres jonchant le sol de la salle à manger !) permet d’observer l’excellence de la tradition française dans les arts décoratifs, les arts de la table et l’art de recevoir – domaines qui ont pris leur essor au 18e siècle. Ère des dorures à gogo mais aussi d’une grande finesse dans la confection des décors peints à la main, des pièces du mobilier – en particulier celles de l’ébéniste Jean-Henri Riesener (table des muses, secrétaire à cylindre, buffet) -, sans oublier le parquet plus beau qu’à Versailles (galerie des ports de guerre) ! Les marins ont ajouté leur touche en incorporant ancres et dauphins (vase-pendule) ; les Allemands un trou dans le volet de la rue Saint-Florentin pour surveiller la rue de Rivoli ; les espions une petite trape attenante à la salle diplomatique. Dans les cours, on admire, en l’air, la verrière pyramidale conçue par Hugh Dutton (cour de l’intendant) ; au sol, le tapis de lumières garni de cabochons Swarovski, légèrement bombé en raison du bunker gisant en dessous (cour d’honneur, laquelle abritera le futur restaurant Le Mimosa de Jean-François Piège). Une visite guidée s’impose tant les détails sont croustillants !
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