Jusqu’au 13 octobre 2008
Jusqu’au 22 septembre 2008
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-et-Exposition-TRACES-DU-SACRE–EXPOS—MUSEE-MUSEX.htm]
Musée national d’art moderne, niveau 5 et 4, Place Georges Pompidou 75004, 01 44 78 12 33, 10 à 12€
Le Musée national d’art moderne propose deux expositions estivales consacrées à des artistes singuliers: le peintre Georges Rouault dont est célébré le cinquantième anniversaire de sa disparition et l’artiste tchèque Miroslav Tichy, qui se décrit comme un « Tarzan à la retraite »…
GEORGES ROUAULT
Le parcours des collections modernes débute par un hommage aux premières oeuvres de Georges Rouault, en contrepoint de l’exposition des artistes fauves, de Matisse à Derain en passant par Marquet, Braque ou Vlaminck.
A l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, sa ville natale, Rouault devient élève de Gustave Moreau (1826-1898). Et c’est en tant que tel que Georges sera exposé au Salon d’Automne de 1905. Dans une section adjacente aux artistes de « la cage aux fauves » (expression du critique d’art Louis Vauxcelles). De fait, Georges Rouault ne pratique pas les aplats de couleurs pures ou les tons divisés appliqués par taches pour traduire l’intensité de la lumière comme peut le faire Braque, Derain ou Vlaminck.
L’exposition propose également une sélection d’oeuvres inachevées, encore jamais exposées au public.
En septembre 2008, la Pinacothèque de Paris présentera une rétrospective sur Georges Rouault, pour qui « l’art, celui que j’espère, sera l’expression plus profonde, plus complète, plus émouvante de ce que sentira l’homme, face à face avec lui-même et l’humanité » (1905). A suivre donc…
MIROSLAV TICHY
Une centaine de photographies et quelques appareils photographiques, fabriqués par M. Tichy à partir de matériaux recyclés, font découvrir au public l’univers volontairement archaïque d’un homme qui vit reclus dans sa ville natale de Kyjov (au sud de la Moravie).
Enfin, Miroslav Tichy semble uniquement préoccupé par la femme. « Pour moi, une femme est un motif. La silhouette (debout, inclinée, assise), le mouvement (la marche), rien d’autre ne m’intéresse. »
De ces corps de femmes à demi-nues (en maillot de bain), saisis à travers les grilles d’un parc ou aux abords d’une piscine publique, se dégage une vision fantasmatique de la réalité. Pourtant, l’artiste réfute toute connotation érotique: « L’érotisme n’est qu’un rêve, de toute façon, le monde n’est qu’une illusion, notre illusion ».
Formé comme peintre aux Beaux-Arts de Prague, Miroslav Tichy refuse de considérer sa pratique photographique comme un art. Du moins comme un art défini au sens officiel. A la fois « marginal parmi les marginaux », comme le décrit Roman Buxbaum dans un article publié dans le périodique allemand Kunstforum (1989), son oeuvre s’inscrit néanmoins dans un courant artistique influencé par l’impressionnisme et la Street Photography.
A l’instar de Jacques Henri Lartigue (1894-1986) ou d’Eugène Atget (1857-1927), l’art de Miroslav Tichy a été découvert sur le tard. L’article de Roman Buxhaum, neveu du meilleur ami de l’artiste et aujourd’hui son collectionneur et agent, n’avait reçu qu’un faible écho. Il faut attendre la biennale de Séville en 2004 et l’impulsion du commissaire suisse Harald Szeemann pour que les oeuvres de Tichy soient exposées au public.
Or, l’artiste n’y concède qu’à reculons! Chacun de ses tirages photographiques n’est réalisé qu’à un seul exemplaire, uniquement pour sa propre curiosité. Chassé de son atelier en 1972, suite aux nationalisations socialites, l’artiste trouve refuge dans les rues de Kyjov. « Quand quelque chose attirait son attention, il attrapait son appareil, soulevait de sa main gauche le bord de son pull et, de sa main droite, ouvrait l’étui et appuyait sur le déclencheur sans même regarder dans le viseur » (R. Buxhaum).
L’artiste réalise ainsi une centaine de photographies par jour. « Je ne sélectionnais rien du tout. Je regardais par le trou de l’agrandisseur et tout ce qui pouvait ressembler à la réalité, j’en faisais un tirage », explique-t-il.
Ses images dérivent de l’accident, du hasard; ce qui pour Quentin Bajac (Directeur du département photographique de Beaubourg), rapproche M. Tichy d’un pan du surréalisme.
Vivant reclus certes, mais entretenant un minimum de relations sociales avec son entourage – ce qui l’exclut du courant des outsiders et de l’art brut -, Miroslav Tichy accepte aujourd’hui d’être exposé. D’ailleurs, il a, par fierté, recouvert ses murs des compte-rendus écrits à son sujet après la Biennale de Séville.
On peut espérer que cette première exposition de photographies à Paris (Zurich, Londres et son pays natal l’ont déjà exposé) constitue les prémices d’un mouvement qui permettra au public français de découvrir, tôt ou tard, les autres oeuvres de Miroslav Tichy – peintures et dessins qu’il n’a jamais cessé de pratiquer…