Voyage dans le Japon du XIXe siècle
Jusqu’au 29 mai 2023
Musée Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16e
Grâce au prêt de la collection d’estampes japonaises de Georges Leskowicz, le musée Guimet expose dans sa Rotonde de magnifiques feuilles d’éventail réalisées par Utagawa Hiroshige (1797-1858). Paysages urbains et provinciaux, animaux et fleurs, acteurs de théâtre et personnages de la vie courante, évoquent avec poésie le Japon de l’ère d’Edo (1603-1808).
Ces estampes, souvent uniques, dévoilent les célèbres sites de la ville d’Edo (actuelle Tokyo), les paysages de province qui se déroulent le long des routes du Tôkaidô et du Kisokaidô, les scènes de théâtre ou tout simplement fleurs et oiseaux au gré des saisons.
La sélection issue de la Fondation Jerzy Leskowicz à Paris, qui possède la plus importante collection privée de feuilles d’éventails de Hiroshige, illustre la créativité graphique d’un des plus grands maîtres de l’ukiyo-e.
« Pièces éphémères, les estampes pour éventails plats comptent parmi les plus rares et les plus élaborées de l’œuvre gravé de Hiroshige », commente la nouvelle directrice du musée Guimet, Yannick Lintz.
Le parcours est introduit par une présentation de la conception d’un éventail plat (uchiwa). On le fabrique à partir de deux feuilles de papier, gravées des deux côtés. Le revers possède des teintes plus claires et ne répond pas systématiquement à l’image de face. Les feuilles sont ensuite enfilées sur un manche en canne de bambou, ce qui lui assure robustesse et légèreté.
Les éventails ont d’abord été des produits populaires, vendus pour l’équivalent d’un bol de nouilles par des colporteurs à la criée sur les marchés, avant d’apparaître dans les vitrines des marchands d’images. Les portraits d’acteurs célèbres de kabuki sont recherchés et font augmenter le prix des éventails. Les Japonais sont en effet friands du théâtre pour ses histoires d’amour et de combat. Au début du 19e siècle, les éventails sont exportés en Occident et inspirent les artistes qui les introduisent dans leurs tableaux japonisants.
Hiroshige utilise le bleu de Prusse – colorant artificiel apporté au Japon par les Hollandais – dans ses paysages pour illustrer le ciel et la mer, sur laquelle flottent des bateaux à voile, stylisés par de simples lignes blanches et noires.
L’artiste représente également les fêtes traditionnelles telle la fête des morts (bon), célébrée l’été par un grand nettoyage de la maison, l’allumage de bougies et de lanternes pour que les défunts puissent retrouver le chemin vers leur famille. Des danses masquées et chantées sont organisées.
Autre fête populaire : celle de la contemplation de la lune (tsukimi). Roseaux, campanules – symbole d’amour et d’honnêteté, souvent choisies comme emblèmes par les samouraï -, sont délicatement représentées.
En l’honneur de l’année du lapin, le musée Guimet a identifié les cartels pour enfants avec cet animal, très apprécié des Japonais et héros de plusieurs légendes.
Une exposition familiale séduisante !