Harriet Backer (1845-1932)

La musique des couleurs

Jusqu’au 12 janvier 2025

#HarrietBacker

Musée d’Orsay, Paris 7e

Le musée d’Orsay présente la première rétrospective en France de la peintre norvégienne Harriet Backer (1845-1932). Méconnue en France, elle a été l’artiste-femme la plus célèbre en Norvège, à la fin du XIXe siècle. Les jeux de lumière dans son oeuvre sont particulièrement saisissants.

Harriet Backer (1845-1932), Intérieur, le soir [Aften, interiør], 1896. Huile sur toile. Oslo, National museum © National Museum / Børre Høstland

Si elle a été oubliée en France, Harriet Backer devient une figure majeure de la scène artistique de son pays natal. Elle sera élue au conseil d’administration et fera partie du comité d’acquisition de la Galerie nationale de Norvège pendant vingt ans.

Harriet Backer ouvre une école de peinture en 1891, où elle forme les artistes importants de la génération suivante tels Nikolai Astrup, Halfdan Egedius et Helga Ring Reusch. Elle partage le même mécène qu’Edvard Much, le collectionneur Rasmus Meyer.

La jeune femme grandit à Kristiana (actuelle Oslo) avec quatre soeurs, toutes dotées de dons artistiques. Harriet est particulièrement proche d’Agathe, grande compositrice au piano, dont la passion musicale influencera la peinture d’Harriet.

Harriet Backer (1845-1932), La Ferme de Jonasberget [Jonasberget], 1892. Huile sur toile. Bergen, Kode Bergen Art Museum © Kode / Dag Fosse

Après Berlin, Florence et Munich – où elle rencontre la peintre Kitty Kielland avec qui elle partagera un atelier jusqu’à la mort de celle-ci (1910) -, Harriet s’installe à Paris. Elle étudie à l’académie de Mme Trélat de Vigny, où enseignent Léon Bonnat et Jean-Léon Gérôme. Passionnée par la peinture d’Histoire, elle commence à s’intéresser au naturalisme, influencée par Jules Bastien-Lepage, et observe le travail des impressionnistes, en particulier Monet à qui elle rendra hommage avec sa Ferme de Jonasberget (1892).

Harriet Backer (1845-1932), Intérieur bleu [Blått interiør], 1883. Huile sur toile. Oslo, National museum © National Museum / Børre Høstland

De retour en Norvège, Harriet Backer séjourne à Fleskum (au nord-est d’Oslo) avec un groupe d’amis dont Kitty Kielland et Eilif Peterssen. Le groupe passe l’été à peindre en plein-air (1886). Intérieur, le soir (1896) témoigne de son aptitude à peindre des intérieurs comme si elle était en plein-air. Intérieur bleu (1883) rend compte du scintillement de la lumière qui filtre à travers la fenêtre.

Cette manière de faire entrer la lumière par les fenêtres et de jouer des clairs-obscurs deviendra sa « marque de fabrique ». Cela est particulièrement visible dans la représentation des intérieurs de fermes rustiques (Intérieur de ferme, Skotta, Bærum, 1887) et d’églises. Les jeux de couleurs s’effectuent entre les boiseries vernies, les bancs patinés, la pierre et les décorations murales (Intérieur de la stavkirke, 1909).

Harriet Backer (1845-1932), Lavande [Lavendler], 1914. Huile sur toile. Bergen, Kode Bergen Art Museum © Kode / Dag Fosse

Son rendu délicat des couleurs traduit une atmosphère, une émotion que l’on peut lier à la musique. Son tableau doit être « une musique pour l’oeil », commente Leïla Jarbouia (conservatrice au musée d’Orsay), une des cinq commissaires de l’exposition, initiée par le National Museum d’Oslo et le Kode Bergen Art Museum. On pourrait même ajouter une senteur comme avec le tableau ci-dessus, intitulé Lavande (1914), en référence au contenant disposé dans les vases bleus.

Harriet Backer (1845-1932), Nature morte avec plante en pot [Oppstilling med alkemugge], 1912. Huile sur toile. Bergen, Kode Bergen Art Museum © Kode / Dag Fosse

Le parcours se termine sur quelques natures mortes. « Elle peint la vie secrète des choses comme elle peignait les figures dans leurs intérieurs », précise Leïla Jarbouia. Ses compositions avec des pommes évoquent celles de Cézanne, mais avec un petit twist personnel tel l’ajout d’un vase à la forme d’un pingouin (Nature morte avec plante en pot, 1912).

La luminosité de ses couleurs et l’harmonie de ses compositions sont fascinantes. Une artiste à honorer.

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