Le Serpent à Plumes, octobre 2010, 574p., 24€
[amazon_link id= »2268069982″ target= »_blank » ]ACHETEZ CE LIVRE SUR AMAZON.FR[/amazon_link]
Imaginez un écrivain qui a été inspectrice de police, reporter, avocate, ministre de la Justice. Ca ne peut qu’engendrer une richesse cérébrale qui se retrouve dans son roman policier Haine, quatrième enquête du couple norvégien Vik et Stubo. Le succès du livre ne se dément pas: il a été traduit dans vingt-cinq pays et s’est classé en n°1 des ventes en Norvège et en Suède. Dès sa sortie.
Au-delà du suspens inhérent à tout bon roman policier, Haine se distingue par la mise en scène de son scénario. Non seulement, l’enquête progresse sans que l’on puisse deviner le lien entre les meutres qui se succèdent avant une bonne moitié du livre. Mais Anne Holt développe une panoplie de protagonistes ayant chacun une réelle personnalité. Des personnages complexes, avec un passé, qui semblent tout droit sorti de l’observation de la société norvégienne. De la famille mononucléaire composée par Inger Johanne +Yngvar – le couple enquêteur – et leurs filles Kristiane (née d’un premier mariage avec Isak) et Ragnhild, aux homosexuels Marcus et Rolf élevant le petit Marcus (né grâce à une mère porteuse américaine), en passant par les – a priori – plus conventionnels Eva Karin, évêque de Bergen, son mari Erik Lysgaard et leur fils Lukas.
En outre, l’auteure s’amuse avec les mots. Chaque fin d’épisode est repris sémantiquement dans le début de la partie suivante, sauf qu’il ne s’agit plus des mêmes personnages en jeu! Le lecteur est ainsi débousselé, pensant que la narration se poursuit tandis que l’auteur introduit de nouveaux protagonistes.
« Le 31 décembre 2008, une heure et demie avant qu’on fête la nouvelle année, plus une seule personne sur la planète entière ne pouvait penser à Runar Hansen. Il avait été assassiné dans un parc de l’Ostkant le 19 novembre de la même année, à l’âge de quarante-et-un ans. Après le décès de sa soeur, il ne fut même plus un souvenir vague et embrumé par les stupéfiants. Personne ne se souciait non plus du chat sur la rambarde.
*** Synnove Hessel caressa le dos du chat obèse » (pp.190/191).
« Il [Yngvar] se sentait humilié par sa propre épouse, et il n’arrivait même plus à en être furieux. Ca lui donnait juste mal au ventre. Un peu comme quand il était petit, et avait honte. *** La secrétaire de Kristen Faber n’avait pas du tout honte de photocopier de temps en temps des documents pour les emporter chez elle » (p.473).
Anne Holt maîtrise son droit et son style. On sent son expérience en tant qu’avocate et reporter. L’écrivain se distingue par une autre particularité encore, qui pourrait expliquer pourquoi elle a choisi ce thème de la haine envers des communautés jugées déviantes par les extrêmistes religieux. Mais pour savoir laquelle, il vous faudra attendre de lire la toute dernière page du roman. Note aux impatients: ne soyez pas tenter de faire une recherche sur Google pour avoir la réponse à l’énigme. Car ce roman est brillant et il serait dommage de se passer de sa lecture!