Par lui-même : dans l’intimité d’un collectionneur
Jusqu’au 2 octobre 2022
Collection Al Thani à l’Hôtel de la Marine, 2 place de la Concorde, Paris 8e
Dans le cadre de la saison culturelle France-Portugal, la Al Thani Collection Foundation expose une sélection d’oeuvres du collectionneur Calouste Sarkis Gulbenkian (1869-1955). Des objets précieux, alliant raffinement d’exécution, rareté, et diversité des provenances. Sublime !
Financier arménien multi-millionnaire – il eut la bonne idée d’investir 5% dans une compagnie pétrolière en Irak -, « Monsieur 5% » a vécu de nombreuses années à Paris, dans son hôtel particulier de la rue d’Iéna (16e arrondissement), évoqué par des représentations qui voilent les fenêtres de l’espace d’exposition. Il a également vécu à Lisbonne. Paris et Lisbonne accueillent toutes deux des fondations qui gèrent ses oeuvres.
De l’Antiquité au 19e siècle, de l’Orient à l’Occident, les trésors de sa collection étonnent par leur richesse d’exécution. Les 82 oeuvres présentées ici témoignent d’un savoir-faire artisanal, qu’il s’agisse de peintures, dessins, bijoux, soieries et objets décoratifs. Toutes ses pièces étaient précieusement conservées dans les diverses résidences de Gulbenkian. « Même sa femme n’avait pas le droit d’entrer dans son cabinet de curiosités », précise Amin Jaffer (conservateur en chef de la Collection Al Thani), co-commissaire de l’exposition.
Parmi les thématiques mises en avant, citons les bijoux de René Lalique et les livres d’exception.
On pense que Gulbenkian a rencontré René Lalique par l’intermédiaire de l’actrice Sarah Bernhardt, au milieu des années 1890. Il devient son ami et son mécène. Entre 1899 et 1927, il lui achète près de 200 bijoux ou objets décoratifs. Tel un diadème en forme de coq, surmonté d’une crête composée de mailles d’or ré-haussées d’émaux irisés bleu ou vert, tenant dans son bec une améthyste(1897/98). Ou cette couverture pour la partition de la Walkyrie de R. Wagner en ivoire gravé.
Grand bibliophile, Gulbenkian collectionne des manuscrits du Moyen-Âge et de la Renaissance comme ce livre d’heures d’Isabelle de Bretagne réalisé dans l’atelier du Maître de Bedford, l’un des plus grands enlumineurs de Paris au début du 15e siècle.
Une aiguière en forme de poire faite de jaspe, surmontée d’une monture en or de style rocaille inspirée d’un modèle de François Boucher, illustre le goût du collectionneur pour l’art décoratif français. Gulbenkian s’intéresse particulièrement aux pièces commandées par les membres de la royauté (Louis XVI, Marie-Antoinette, Elizabeth Ier, Catherine II de Russie).
Des soieries, des tapisseries perses, une bouteille en verre de la période mamelouke témoignent de son goût pour les objets d’art islamique.
Je n’ai pas encore eu le temps de découvrir la Fondation Gulbenkian à Paris mais cette exposition en donne un avant-goût et donne une idée de sortie pour les vacances estivales !