Les passions de Roberto Longhi

Caravage, Garçon mordu par un lézard, 1594. Huile sur toile © Firenze, Fondazione di Studi di Storia dell’Arte Roberto LonghiDe Giotto à Caravage

Jusqu’au 20 juillet 2015

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-DE-GIOTTO-A-CARAVAGE–GIOTT.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, Paris VIII

Le musée Jacquemart-André présente dans sa nouvelle exposition « De Giotto à Caravage », de remarquables peintures italiennes, du XIVe au XVIIIe siècle, collectionnées ou/et étudiées par l’érudit Roberto Longhi (1889/90-1970).

Giotto di Bondone (vers 1266/1267-1337), Masaccio (1401-1428), Masolino (1383-après 1435), Piero della Francesca (vers 1412-1492), José de Ribera (1591-1652), Michelangelo Merisi da Caravaggio dit Caravage (1571-1610)… autant de grands noms qui ont marqué l’histoire de l’art. Leurs oeuvres sont ici confrontées à celles de la Fondation Roberto Longhi, basée à Florence, et montrées pour la première fois en France.

Portrait de Roberto Longhi (c) Studio Sébert Photographes

Le parcours s’ouvre sur une section consacrée aux oeuvres de Caravage , dont Garçon mordu par un lézard, mis en regard avec le propre dessin qu’en a fait R. Longhi.

Suivent les oeuvres des contemporains de Caravage, influencés par son style : il se démarque du naturalisme pour aller vers une peinture plus réaliste, marquée par le clair-obscur.

Caravage, Le Couronnement d’épines, vers 1603. Huile sur toile © Collezion Banca Popolare di Vicenza

« Caravage découvre ‘la forme des ombres’ : un style où la lumière, enfin, loin d’être asservie à la définition plastique des corps sur lesquels elle tombe, devient elle-même, avec l’ombre qui la suit, arbitre de l’existence des corps. » (Roberto Longhi, Quesiti caravaggeschi, 1928/29).

On trouve ainsi des oeuvres de Carlo Saraceni (vers 1579-1620) et Bartolomeo Manfredi (1582-1622), qui ont tous deux contribué à diffuser les thèmes travaillés par Caravage : figures du Christ, scènes bibliques.

Deux générations d’artistes reprendront ces thèmes à leur compte, dont Jusepe Ribera (1591-1652) qui se distingue avec ses apôtres saisissants, Mathias Stomer (1600-1652) et Matti Presti (1613-1699).

Jusepe Ribera, Saint Thomas, vers 1612. Huile sur toile © Firenze, Fondazione di Studi di Storia dell’Arte Roberto Longhi

De Rome, l’influence caravagesque s’étend à toute l’Europe. C’est en partie grâce aux découvertes de Roberto Longhi et son approche originale qui bouleverse les classifications traditionnelles que la renommée de Caravage ne s’est pas démentie depuis.

Il en va de même pour Giotto ou Piero della Francesca, que le critique d’art analyse comme annonciateur de Cézanne (sens des couleurs). « Quittant le passé pour le futur, il semble plutôt que Piero prévoit et réalise pleinement la devise encore lointaine de Cézanne : ‘quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude’. » (Roberto Longhi, Monographie Piero della Francesca, 1927).

Si l’affiche de l’exposition ne m’attirait pas, les peintures présentées sont en réalité d’une exceptionnelle qualité et les commentaires qu’en font Roberto Longhi sont inédits et pertinents. L’exposition apporte un regard rafraîchissant sur des artistes que l’on croyait connaître ; une belle re-découverte !

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