Jusqu’au 10 février 2019 – Prolongation jusqu’au 5 mai 2019
Catalogue de l’exposition :
C’est toujours amusant de se remémorer qu’il y a un designer derrière des formes de meubles ou de couverts que l’on voit chez soi ou ailleurs. C’est le cas avec le designer omni-potent Gio Ponti (1891-1979) qui a collaboré avec de nombreuses marques dont Christofle, Fontana Arte, Krupp, Ferrari, Cassina, etc. Le Musée des Arts Décoratifs (nouvellement MAD) consacre une exposition à sa longue carrière (1921-1978) et à son talent protéiforme, peu connu en France.
Diplômé de l’Ecole polytechnique de Milan, Gio Ponti ouvre son cabinet d’architecture en 1921. Il s’inspire d’abord d’un style néo-classique avant de se tourner vers le modernisme dans les années 1930. Parallèlement, il est nommé directeur artistique de la manufacture de porcelaine Richard Ginori (1923), attisant son intérêt pour la céramique qui capte la lumière et dont il se servira pour décorer l’intérieur et l’extérieur de villas privées à l’étranger, au faîte de sa carrière.
Le parcours débute avec une évocation de la structure en dentelle de la cathédrale de Tarente et se poursuit selon trois thématiques : les objets, le mobilier, l’architecture.
De la légèreté avant toute chose pourrait être la maxime qui résume l’oeuvre de Ponti. Les murs des maisons ne sont plus porteurs mais portés, les façades des tours ressemblent à de minces livres (Tour Pirelli, Milan, 1960), les toits sont habités (bassin, potager et bac à sable pour le toit-terrasse de la maison Laporte, Milan, 1935/36) ses chaises figurent parmi les plus légères au monde (Superleggera, 1957)
Les cuisines des locaux du groupe de chimie Montecatini sont dotées de vitrines transparentes, comme on peut le voir dans les restaurants ou boulangeries aujourd’hui. Autre preuve de modernité de Gio Ponti : avant les startups de la Silicone Valley, Ponti fait installer au sous-sol des services pour le personnel (bibliothèque, salon de coiffure, boutique de mode, pharmacie, épicerie).
Gio Ponti s’inspire des arts de son pays natal qu’il cherchera toujours à valoriser à travers sa revue Domus pour faire découvrir les nouveaux talents nationaux. Comme pour la villa L’Ange volant (région parisienne), la villa Planchart (Caracas) semble une transposition d’un rêve d’Italie : tous les matériaux sont importés d’Italie (marbres, aluminium, menuiseries, objets artisanaux).
Olivier Gabet (directeur du MAD et commissaire général de l’exposition) décrit le corpus de Ponti comme « une oeuvre-monde qui fait de Ponti le successeur légitime des plus grands artistes de la Renaissance italienne […] il incarne la continuité d’un héritage qui ne cesse de fasciner, le côté Léonard ou Michel-Ange de la chose, de l’ensemble au détail » (Préface du catalogue de l’exposition).
La scénographie est orchestrée par l’agence Wilmotte & Associés Architectes et place le visiteur dans une immersion totale avec des reconstitutions impressionnantes d’intérieur de villas. Elle met en valeur l’ingéniosité des (400) oeuvres présentées. A découvrir !