Jusqu’au 28 juillet 2018
Catalogue de l’exposition :
Hôtel de Ville, Salle Saint-Jean, 5 rue de Lobau, Paris 4e, Entrée libre
Pour continuer sur la célébration du 50e anniversaire de mai 1968, l’Hôtel de Ville présente la première grande exposition parisienne du photographe Gilles Caron (1939-1970). L’auteur, entre autres, de la photographie de D. Cohn-Bendit face à un policier devant la Sorbonne, devenue mythique.
L’exposition retrace les différents événements capturés par le reporter Gilles Caron qui se sont déroulés à Paris durant l’année 1968, de la dissolution de l’Assemblée Nationale par le Général de Gaulle aux émeutes de mai 68 dans le quartier Latin. Le parcours se termine par une ouverture sur le monde et son reportage sur la terrible guerre qui affame la population au Biafra (Nigéria).
Les clichés d’époque et les épreuves modernes d’après les négatifs originaux sont conservés dans les archives, en grande partie inédites, de la fondation Gilles Caron, disparu sur la route n°1 qui relie le Cambodge au Vietnam, contrôlée par les Khmers rouges, avec l’autre reporter de guerre Guy Hannoteaux et Michel Visot. Il avait 30 ans.
Gilles Caron fait ses armes au sein de l’Agence parisienne APIS, avant de rejoindre la nouvelle agence Gamma fondée par Raymond Depardon et Hubert Henrotte. En 1967, il couvre la guerre des Six Jours (Israël/Egypte) et celle du Vietnam. 1968 est son année de consécration avec son reportage du premier grand combat humanitaire au Biafra et la révolte sociale en France.
Après quelques photographies de star françaises (Romy Schneider, Alain Delon, Jean-Louis Trintignant, Jean-Paul Belmondo…), Caron effectue une étude des expressions du Général de Gaulle, à l’aube de son départ du pouvoir.
Le coeur de l’exposition est consacrée à la naissance des émeutes de mai 1968, de l’occupation de la fac de Nanterre par les étudiants, contre notamment la guerre du Vietnam et la sélection à l’entrée de l’université (proposée déjà à l’époque par le ministre de l’Education nationale Christian Fouchet). « Architecture moderniste, jeunesse mobilisée qui écoute « Dany le Rouge », ouvriers des chantiers voisins qui se mêlent aux étudiants, taudis des immigrés algériens : Nanterre est analysé par les images de Cron comme une bombe sociale à retardement », explicite Michel Poivert, commissaire de l’exposition.
Une petite salle analyse au conditionnel la genèse de la célèbre photographie de Cohn-Bendit face à un policier casqué, incarnant le jeune révolutionnaire face à l’autorité.
L’avant dernière section présente les images de la capitale au lendemain des émeutes et fait une large place à la couleur alors que le photographe s’était spécialisé dans le noir-et-blanc. Synonyme d’un nouveau monde mais également d’un certain retour à l’ordre.
Le parcours se termine sur la prise de conscience des crises humanitaires dans le monde à travers la famine au Biafra. « C’est la naissance du tiers-monde dans les esprits de ceux qui ‘font’ 68′ », commente le commissaire.
Une exposition forte visuellement. Dans ses images, Caron parvient à restituer le bruit et la fureur de la guérilla urbaine, dénoncer la violence des deux côtés des barricades (bien que j’ai observé plus de photos montrant des civils blessés que des policiers agonisants) et transformer des anonymes en acteurs de l’histoire.