Jusqu’au 31 octobre 2011
Galerie de l’Exil, 18 avenue Matignon 75008
Comme son nom l’indique, la Galerie de l’Exil entend réhabiliter les artistes étrangers, exilés à Paris. Ceux qui ont vécu une vie de bohème chaotique, parfois dans le dénuement total, mais qui ont laissé une empreinte dans l’Histoire de l’Art. Cet été, hommage à Georges-Henri Pescadère (1915-2003), français d’origine mais inconnu pour autant.
Et pour cause. Georges-Henri Pescadère a peint plus de six cents tableaux, jamais exposés. Excepté à l’occasion de deux expositions confidentielles à Hyères en 1985 et à Bormes-les-Mimosas après sa mort en 2007. L’artiste acceptait mal le regard d’autrui sur ses toiles et haïssait les mondanités.
Voici quelques traits biographiques de ce talent à part d’après Michel Guillemain.
G.-H. Pescadère naît en pleine guerre le 7 mai 1915 au 5 rue Tolain à Paris, dans le XXe arrondissement. Son père, d’origine pyrénéenne, est fonctionnaire de police. Sa mère est issue d’une famille d’agriculteurs de Monthyon (Seine-et-Marne). Elle a des goûts littéraires et artistiques.
Certificat d’étude en poche, Georges-Henri intègre avec difficulté l’Ecole Supérieure d’Arts Appliqués Germain Pilon à quatorze ans. Durant quatre ans, il s’initie aux arts plastiques, à la décoration, à l’architecture et surtout à la publicité.
Son ami Lucien Fontanarosa l’incite à le rejoindre à l’Ecole Nationale des Beaux Arts où il est reçu en section peinture dans la classe de Lucien Simon. Il fréquente Yves Brayer, Georges Rohner et Claude Venard. Alexandre Trauner l’embauche parfois comme assistant décorateur de ses films. Il se forme également dans l’atelier du célèbre publiciste Adolphe Cassandre.
Le 16 juillet 1944, la Gestapo envahit son immeuble et y capture les résistants. Commencent alors ce que Pescadère nomme pudiquement les « voyages aléatoires ».
Après son retour de déportation en Allemagne, il épouse Anne Wermaëre en 1946. De cette union naissent deux garçons, Marc en 1947 et Roch en 1949. Il fonde la société anonyme « Alliance d’Arts Graphiques ». Le peintre met à profit ses talents et bénéficie de l’essor des « trente glorieuses ».
G.-H. Pescadère ressent le besoin de peindre – exutoire ou échappatoire? -, et les toiles commencent à s’entasser dans l’atelier. Pas d’exposition ni de vente : « je ne peins pas pour vivre, je vis pour peindre », répète-t-il. Il rencontre Max Ernst à la galerie Drouin. Il se lie avec Henri Michaux. Mais en peinture, c’est toujours Picasso qu’il admire le plus, sa révélation d’étudiant, son initiateur.
Pescadère consacre le reste de sa vie à peindre et met ses talents au service de sa commune d’adoption au sein de l’association « Sauvegarde du Vieux Bormes ». Il participe à la restauration de la chapelle Notre-Dame-de Constance, de l’église Saint Trophyme, puis à celle de la maison Taïeb qui après refonte complète devient le Musée Municipal Arts et Histoire.
Sous la pression d’amis, la seule exposition de son vivant est organisée à Hyères, du 20 novembre au 9 décembre 1985. Elle remporte un beau succès, mais Georges-Henri exècre les mondanités ; il refuse toute nouvelle présentation au public. Il peint désormais tous les après-midi. Ses motifs favoris sont la femme, en portrait ou en nu, les paysages de Bormes ou de Curel, et les natures mortes. Il travaille directement sur toile ou sur panneau, sans dessin préparatoire et, par modestie, signe et date toujours au verso. L’homme a du tempérament et un grand coeur, sa peinture le reflète. Usé physiquement, Georges-Henri Pescadère meurt le 7 novembre 2003.
Un artiste à découvrir, parfaite pour se remettre dans le bain après la trêve estivale. D’autant que l’exposition a le mérite d’être présentée jusqu’à fin octobre.