Installations monumentales de JIANG Qiong Er
Jusqu’au 16 février 2025
Musée Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16e
Pour célébrer l’Année franco-chinoise et les 60 ans de relations diplomatiques entre la France et la Chine, le musée Guimet présente une programmation culturelle axée sur les arts de l’Empire du Milieu. Après T’ang Haywen, voici Jiang Qiong Er qui investit plusieurs salles clés du musée, dont sa façade extérieure. À découvrir de jour comme de nuit et au fil des saisons.
L’artiste plasticienne et designer Jiang Qiong Er [petite-fille du premier peintre chinois a avoir étudié la peinture occidentale et introduit la peinture à l’huile en Chine (JIANG Xuan Yi), fille du célèbre architecte XING Tong He (musée de Shanghai)], a recouvert la façade du musée d’un voile de tulle rouge. Couleur emblématique de la Chine, aux nombreux symboles : création du monde, feu, vitalité, fécondité, sang, énergie, soleil.
Sur la rotonde extérieure et sur l’aile principale du musée, Jiang Qiong Er a imaginé des grottes, en référence aux sites rupestres Mogao (Dunhuang), Yungang (classé au patrimoine mondial de l’UNESCO), et Longmen. Elles abritent douze – comme les chiffres du zodiaque et la division du jour et de la nuit dans la Chine ancienne – bestiaux imaginaires, issus de son imagination et de l’intelligence artificielle, à partir de la mythologie chinoise. Les créatures incorporent l’iconographie morphologique du dragon, signe de l’année 2024.
Toutes les deux heures, les créatures de la rotonde s’animent pour marquer le passage du temps. La nuit, elles sont éclairées d’un faisceau lumineux qui fait ressortir leur ombre (chinoise !) pour incarner des lanternes suspendues.
Dans la salle d’accueil du musée, les piliers ont été recouverts de dix variations de rouge (feu, cerise, sienne, pourpre, écarlate, carmin, vermillon, hibiscus, grenade, cinabre), laissant ressortir la couleur du pilier originel en haut. « Avec le blanc des murs, je n’insisterai pas sur le côté patriotique de la scène », s’amuse Yannick Lintz, directrice du musée Guimet.
La bibliothèque historique accueille les statues en bronzes des douze créatures, positionnées en cercle – entourées de statues géantes de bouddha. Trois voix, celle d’un enfant, d’une femme et d’un homme, prononcent en trois langues (chinois, français, anglais), le nom des créatures porteuses d’un message pour l’avenir de l’humanité : authenticité, fraternité, inclusion, paix, égalité, bienveillance, temps, exploration, bravoure, nature, sagesse, liberté. Des sons de gongs et des coussins rouges invitent à la méditation.
La visite se termine au 4eme étage, dans la salle de la rotonde, transformée en grotte contemporaine. L’artiste a imaginé le design des mini-banquettes au tissu rouge (produites par Roche Bobois) qui entourent un jardin minéral, composé de pierres ancestrales qu’elle a peintes. Les murs sont recouverts d’un treillis composé de 5000 briques de thé pu-erh. Boisson emblématique chinoise, réputée pour ses vertus médicinales, ce thé incarne la préciosité du temps qui passe. Au plafond, l’ombre d’arbres en fleurs illustrent la saison du printemps. Des cérémonies du thé, de la musique, de l’opéra chinois sont programmées dans cet espace méditatif.
À partir de fin mai, un dernier élément de l’installation sera ouvert sur la terrasse végétalisée du musée. Un filet se déploiera au-dessus de la verrière du musée. Il sera brodé en or de poèmes imaginés par Jiang Qiong Er et un collectif de femmes, dans une nouvelle langue exclusivement féminine, inspirée du nu shu.
Une installation vibrante d’énergie, à l’image de sa créatrice, qui transforme le plus grand musée d’art asiatique d’Europe, en un lieu vivant, où passé, présent et avenir tissent des liens transgénérationnels.