Drôle d’expérience que l’observation des photomontages de Frank Horvat, exposés à la Galerie Dina Vierny (Paris, VIe). Ses photographies mettent en scène un modèle vivant, transformé numériquement en sculpture, laquelle est intégrée dans le décor géant des carrières de Carrare et les ateliers de Pietrasanta.
De l’avis de l’artiste lui-même, il « ne sait pas très bien quelle place et quelle signification attribuer à ce travail. Mais ni Hélène [Busnel, son modèle] ni moi-même ne regrettons le temps et l’effort que nous y avons investis. »
Le résultat est en effet des plus surprenants. Sorte de sculpture vivante, le corps de son modèle, souvent largement disproportionné dans ses membres inférieurs, prend des poses incongrues dans un décor naturel, destiné à disparaître. Les carrières de marbre de Carrare, surexploitées depuis l’Antiquité, n’en ont plus que pour une petite cinquantaine d’années à vivre…
L’idée d’origine était de créer des photographies où se confondent « le réel et l’imaginaire, le spontané et le fabriqué, l’objet trouvé et l’objet conçu. Avec de la sculpture qui ne serait pas de la sculpture, des événements qui ne seraient pas des événements, de la photographie qui ne serait pas de la photographie. » Le tout, grâce à la puissance de Photoshop.
Les prises de vue se sont étalées entre l’Italie, le studio du photographe en région parisienne et la maison du modèle en Picardie. « Ces décalages contribuaient à l’imprévisible : au moment de photographier les décors, je ne savais pas (ou presque pas) où j’aurais inséré les ‘sculptures’. En photographiant les nus, j’ignorais (ou presque) comment j’en aurais fait du marbre. »