Jusqu’au 13 janvier 2008
Musée Jacquemart-André, 158 bd Haussmann 75008, 01 45 62 11 59, 9,50€
C’est avec ces mots que le conservateur du musée Jacquermart-André, Nicolas Sainte Fare Garnot, entame la visite commentée de l’exposition sur Jean-Honoré Fragonard. Une boutade qu’il s’empresse d’expliquer pour éviter toute méprise: Fragonard est un raté dans la mesure où il a abandonné la carrière officielle de peintre d’histoire qui s’offrait à lui. Pour s’adonner à la peinture de genre, à la peinture galante, destinée à une clientèle privée. Bien lui en a pris!
La première salle de l’exposition condense la carrière de l’artiste et annonce ce qui sera développé dans les six salles suivantes.
La première oeuvre accrochée, Jéroboam sacrifiant aux idôles (1752), constitue la seule oeuvre académique de Fragonard, celle qu’il a réalisé pour le Grand Prix de Rome qu’il remporte avec succès. Pourtant, dès cette première oeuvre, de style rococo dans l’esprit de François Boucher (1703-1770) – peintre officiel à la cour sous Louis XV -, on perçoit l’attitude « déviante » du jeune Fragonard (il a 20 ans). D’après la Bible, Jéroboam, premier roi d’Israël, a renié Dieu et refuse de cesser le culte du veau d’or qu’il a institué à Béthel. L’homme de Dieu prédit alors que « l’autel va se fendre. Et la graisse qui est dessus se répandre ». Au lieu de représenter le sacrifice en tant que tel, Fragonard choisit de montrer la main de Jéroboam se raidissant et se déssèchant au moment où il ordonne d’arrêter le prophète, tandis que la pierre de l’autel est
Dans la première salle, deux autres oeuvres méritent de s’arrêter. Séléné contemplant Endynion endormi (vers 1772) a fait l’effet d’une surprise auprès de la commissaire de l’exposition. Mme Dupuy-Vachey a demandé que ce tableau, habituellement conservé au Louvre, soit désencadré pour mieux l’étudier. C’est ainsi qu’elle découvre, sous la bordure gauche, une lune. Or le personnage supérieur ne porte pas de croissant au-dessus de sa tête. Donc, contrairement à l’avis des experts jusqu’à présent, il ne s’agissait pas de Diane, mais de Sénélé.
Historienne de l’art de formation, Marie-Anne Dupuy-Vachey a eu plus de mal à résoudre l’égnime du Sacrifice interrompu (vers 1765) dont les personnages représentés n’ont pu être identifiés. Au grand dam du conservateur du musée, qui affirme avoir révisé toute sa mythologie et textes bibliques pour venir à bout de ce mystère!
Enfin, terminons sur cette oeuvre coquine bien que savante – un thème mythologique traité de manière galante – Le sacrifice à la rose (vers 1780-1785). L’oeuvre achevée représente une femme la poitrine dénudée, une main légèrement en dessous du sein. Mais l’étude de la tête de ce personnage – une petite oeuvre retrouvée par la commissaire de l’exposition chez un collectionneur parisien – montre que cette main était en réalité en pleine possession du sein! L’artiste – comme on