Tu crois que la Terre est chose morte…
Jusqu’au 02 juin 2019
Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, Paris 8e
J’écris plus facilement sur les expositions de photographies « classiques » du Jeu de Paume. Mais cette fois-ci, j’ai été captivée par les vidéos de Florence Lazar.
Le Jeu de Paume présente la première exposition personnelle de l’artiste, centrée sur une sélection de films et de photographies des années 2000 à aujourd’hui.
125 hectares, son nouveau film tourné en Martinique, évoque le combat d’une agricultrice contre l’exploitation des terres, l’utilisation de produits chimiques cancérigènes (chlordécone) et la monoculture de bananes instaurée dans les années 1930 pour remplacer celle de la canne à sucre. Mais pour une agriculture durable, fondée sur la biodiversité.
Ses autres vidéos/film évoquent les critiques contre le gouvernement de Slobodan Milosevic, lors d’une rencontre impromptue avec des paysans et le tournage improvisé qui s’ensuit (Paysans, 2000). Le mouvement des Femmes en noir (2002), toujours en Serbie, et les tentatives de réécriture de l’Histoire en République serbe de Bosnie afin de renforcer ses pouvoirs dans la région (Kamen – Les Pierres -, 2014).
Une dernière vidéo évoque les prières de rue dans le quartier parisien de la Goutte-d’Or et les tentatives politiques de « faire usage de la force » pour y mettre fin (Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, 2011)
Enfin, une série de 35 photographies couleur a été réalisée en collaboration avec le collège Aimé-Césaire du quartier de la Chapelle à Paris (18e). Oeuvre née de la réaction à la polémique liée à la loi du 23 février 2005 et l’abrogation par décret présidentiel un an plus tard de son article 4 qui prévoyait que les programmes scolaires reconnaissent le « rôle positif de la présence française outre-mer » par le passé, « notamment en Afrique du Nord ».
L’ensemble des vidéos et photographies de l’artiste française, d’origine serbe, nous interroge sur des situations politiques complexes. Les séquences de ses films sont volontairement longues et marquent les esprits. Un art qui lutte contre la banalisation de la violence et l’invisibilité (temporaire) du mal à l’encontre des hommes autant que de la Terre.