Jusqu’au 23 septembre 2018
Catalogue de l’exposition :
Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins, Paris 13e
La Galerie des Gobelins présente une centaine de tapisseries qui illustrent son histoire, inscrite dans celle de la France, entre 1918 et 2018. Des oeuvres qui invitent à une relecture édifiante du siècle écoulé.
Le parcours débute avec les commémorations de l’après-Première Guerre mondiale, vécu comme une victoire amère. Pour assurer des débouchés aux manufactures nationales, ses administrateurs successifs collaborent avec des artistes qui perpétuent l’image d’une France pastorale, bien loin des dévastations des champs de bataille et des préoccupations des citoyens.
L’Exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 sont l’occasion d’afficher à la face du monde l’excellence du travail des manufactures nationales. Elles s’inspirent de l’exotisme véhiculé par les colonies françaises.
La fin des années 1930 marque le renouvellement de l’histoire de la tapisserie. Les compositions décoratives qui cherchaient avant tout à imiter la peinture cèdent la place à un style nouveau, fondé sur la simplification des formes, la réduction de la palette de couleurs, le choix d’un tissage plus gros permettant de jouer sur les contrastes.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la manufacture de Beauvais est bombardée, les tissages sont suspendus. En 1941, le maréchal Pétain commande une tapisserie à sa gloire. L’occupant fait de même pour les ministres nazis. Les manufactures tentent de se soustraire aux commandes, en vain. Même si au final, sur les quatre tapisseries allemandes mises sur le métier, seules deux seront achevées en 1944. A la libération, ces tapisseries intègrent les réserves du musée du Louvre et du musée d’art moderne, les manufactures ne souhaitant pas conserver des oeuvres qui illustrent « un moment fâcheux de l’histoire de notre manufacture nationale » (Georges Fontaine, administrateur d’alors des manufactures).
Dans les années 1950 et 1960, des artistes de renoms comme Matisse et Picasso sont invités à représenter l’avant-garde moderne. Dans le même temps, une nouvelle génération de peintres fait son entrée au Mobilier national. Les oeuvres abstraites de Raoul Ubac, Hans Hartung ou Zao Wou-ki sont transposées en tapisseries. Bien que de taille plus réduite, la tapisserie retrouve sa fonction décorative, mais dans un langage moderne.
Dans les années 1970, des artistes interrogent la planéité des oeuvres textiles. Un atelier de recherche est créé au sein des manufactures nationales pour réaliser des tissages avec des matériaux, naturels ou synthétiques. « Elles tentent de nouvelles approche, cherchent les transpositions les plus virtuoses des chinés, des coups de pinceau, des effets de transparence et de mouvement », commente Christiane Naffah-Bayle (directrice des collections du Mobilier national), commissaire générale de l’exposition.
Un très beau parcours où trame matérielle et narrative concrétise la poétique notion du temps qui passe. J’ai été impressionnée de réaliser que les tapisseries puissent rendre à force égale les sensations que procurent les peintures !