Cour Carrée du Louvre + Jardin des Tuileries + Grand Palais
Cette année, focus sur la Cour Carrée du Louvre. Bien plus petite en taille que sa grande soeur au Grand Palais, la Fiac au Louvre n’en expose pas moins des oeuvres percutantes. Axée sur les galeries étrangères, elle ouvre une fenêtre sur la vision des artistes hors de nos frontières. Ou des artistes français représentés par des galeries étrangères…
A commencer par la Française Audrey Frugier, qui expose à la galerie belge (Liège) Nadja Vilenne. Charmante jeune femme, l’artiste a commencé une série de sculptures en forme de chiens, Decadent Doggy, recouverts d’une fausse toile de Jouy ou de macramé. L’idée a germé après un voyage à New York, où elle découvre que la grande marque de couture et prêt-à- porter Juicy Couture s’est lancée dans les produits pour chiens (vernis à ongle, colliers, etc.)! Sur ce, l’artiste se rend en Belgique, où elle assiste à une foire de nains « chiens de jardin ». L’artiste combine ces deux sources d’inspiration pour créer ses propres chiens en les recouvrant de son thème de prédilection: l’illusion du beau, le faux luxe.
Deux pas plus loin, la galerie belge (Bruxelles), au titre humoristique Sorry we’re closed, affiche une oeuvre violente de Bernard Buffet, La Mort 3 (1999) représentant un squelette avec un foetus dans le ventre (son testament artistique avant son suicide), entourée de sculptures en pierre recouvertes de sable de l’Allemand Stefan Rinck. Des oeuvres qui oscillent entre les gargouille, les idôles océaniennes et les totems Incas.
Petit arrêt à la galerie Pianissimo de Milan mais personne derrière le bureau et pas encore de cartel au mur… Si vous passez devant, n’hésitez pas à compléter l’info en laissant un commentaire, merci! Juste après, je suis morte de rire devant le dyptique de l’Allemand Hans-Peter Feldmann, Two paintings with eyes, exposé à la galerie Martine Aboucaya (Paris). L’artiste reprend le code d’honneur du portrait classique – le mari représenté à gauche, la femme à droite – tout en se moquant de la solennité du moment de la pause: il fait loucher ses modèles!
Un cran plus haut, longue pause chez schleicher + lange (Paris), où Marc-Olivier Wahler (directeur du Palais de Tokyo) et Guillaume Houzé (arrière arrière petit-fils de Théophile Bader, fondateur du groupe Galeries Lafayette, qui a mis en place l’exposition d’art contemporain Antidote aux Galeries Lafayette) semblent faire leur marché… Même attention devant l’oeuvre de Timo Nasseri, Allemand d’origine iranienne: une sculpture en bois intitulée Alif (2009) qui fait écho par son équilibre géométrique à ses encres blanches sur papier noir, One and One (2008), présentées derrière. Celles-ci répètent une structure représentée à l’infini qui évoque les Muquarnas (structures en un nid d’abeilles). La répétition du geste et de la formule mathématique intensifie l’expérience comme lors d’une prière. Comme quoi, la formule rigueur mathématique et spiritualité ne constitue pas un oxymore.
Non loin, sur la droite: l’oeuvre d’un autre artiste iranien, vivant en Suède (Biennale de Venise 2007). Sirous Namazi expose pour la galerie Suzy Shammah (Milan) une sculpture mi-humaine mi-Dark Vador à base de lamelles de plastique. Effet saisissant!
Côté Europe de l’Est, nous découvrons Videospace Budapest qui présente Eszter Szabo. L’artiste réalise des vidéos à partir de ses aquarelles. Des retraités défilent lentement, tentant de passer le temps en jouant comme des gamins aux jeux vidéos.
Vient ensuite la section pour la sélection du prix Marcel Duchamp, qui sera nominé samedi 24 octobre 2009 à 11h. Je vote pour Damien Deroubaix!
Saut outre-Atlantique, à la galerie Lombard-Freid Projects (New York). Mounir Fatmi ravive le souvenir du 11 septembre avec Hard Work (2009): des casques de chantier recouvrent des crânes tandis qu’une vidéo montre la destruction de deux tours. L’artiste expose également de manière insolente Father’s Carpet (2009), qui représente un dyptique asymétrique d’une vue tapissée du Taj Mahal avec l’inscription Fuck the architect.
Ambiance écolo mais gare à la vengeance de la nature maltraitée semble nous dire l’Allemand Dennis Feddersen, avec une oeuvre tentaculaire en bois qui envahit le mur du stand de la galerie Suzanne Tarasieve (Paris).
Je termine avec la galerie Chemould Prescott Road (Mumbai, nouveau nom de Bombay) avec une envolée exotique grâce à la photographie Yet Unbridled (2009) de Tushar Joag.