Paysages mouvants
Jusqu’au 23 mars 2025
#Paysagesmouvants
Jeu de Paume, Jardin des Tuileries, Paris 1er
Pour cette seconde édition du Festival des nouvelles images organisé par le Jeu de Paume, la thématique évoque les enjeux climatiques à travers un récit collectif et pluridisciplinaire.

Yo-Yo Gonthier, Les nuées de sables, Sahara
du projet « Le Nuage qui parlait », 2011 à nos jours. Triptyque. Tirage photographique © Yo-Yo Gonthier © Adagp, 2025
Quinze artistes nous font voyager des glaciers de l’Arctique aux volcans indonésiens, en passant pas une source d’eau congolaise, une autre angolaise, ou encore l’île de Nauru aux confins de l’Océanie.
Le parcours se veut une déambulation à travers les oeuvres visuelles accompagnées de son et de citations sur les cimaises, pour explorer notre relation aux différents paysages planétaires. « Ils ne tiennent pas un second rôle ; ils sont au centre de tout, partout, en nous », commente Jeanne Mercier, commissaire de l’exposition.

Julian Charrière, An Invitation to Disappear – Sorong. Tirage photographique 2018 © Julian Charrière © Adagp, 2025
Julian Charrière nous entraîne du froid – panorama photographique des glaciers arctiques – au chaud avec la fulgurante éruption du volcan Tambora. Tellement puissante qu’elle eut un impact sur le climat mondial, en sus d’engendrer un brasier sans fin de la forêt tropicale locale.

Léonard Pongo, Tales From The Sources, 2025. Installation : œuvres textiles et vidéos (extrait) © Léonard Pongo
Léonard Pongo invite à une flânerie et un corps à corps avec son installation, engendré par le frôlement des voiles suspendus. La superposition d’images et de calques convie l’image d’une cascade d’eau au coeur du Congo. L’artiste souhaite montrer « la RDC comme source de vie et non comme terre de minerais à exploiter », explique-t-il.

Mónica de Miranda, Path to the Stars, 2022. Installation vidéo (HD color
and sound 34’41), lumière, lettres métalliques (extrait) © Mónica de Miranda
Mónica de Miranda diffuse un film (30mn) dans lequel une femme à différents stades de la vie incarne les fissures laissées par la colonisation en Angola. Au fil des allers-retours entre présent et passé, son corps se confond de plus en plus avec l’eau de la rivière.

Richard Pak, Soleil vert, 2023 de la série L’île naufragée Tirage photographique © Richard Pak
Richard Pak évoque l’histoire de Nauru liée à la découverte en 1908 du phosphate, minerai utilisé pour les engrais agricoles. L’île va être complètement déboisée pour cette exploitation qui fait devenir ce micro-état le plus riche au monde. Mais la surexploitation laisse l’île exsangue ; elle figure désormais parmi les pays les plus pauvres du globe. L’artiste utilise l’acide phosphorique pour détériorer ses négatifs, entièrement ou partiellement, et produire des effets surréels. Il dresse un parallèle alarmant entre l’histoire de Nauru et la surexploitation de la planète.

Andrea Olga Mantovani, Cicatrice
de la série Racines, 2023. Tirage photographique © Andrea Olga Mantovani
Andrea Olga Mantovani découvre que son grand-père est ukrainien alors qu’elle s’apprête à faire un reportage photographique sur le déboisement illégal en Ukraine. Elle part avec à son épaule gauche un appareil argentique doté de pellicules périmées – que l’artiste considère comme « l’oeil de son grand-père, ne sachant pas si elle pourra en tirer quelque chose » – et à sa droite un appareil avec des pellicules argentiques neuves, auxquelles elle ajoute des filtres de couleurs – « son oeil à elle ». Il en résulte des images sur la forêt des Carpates, où l’histoire personnelle se confond avec l’Histoire car lors de son deuxième voyage, la guerre en Ukraine aura commencé.
L’ensemble des oeuvres de la première section dont je vous parle ici m’ont parues particulièrement fortes, engendrant à la fois réflexion et émotions, dans une esthétique choc. J’ai été moins sensible à celles du premier étage. En revanche, checkez la superbe programmation de week-ends festifs en lien avec l’exposition (pour en savoir plus).