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Félix Fénéon (1861-1944)

Les temps nouveaux, de Seurat à Matisse

Jusqu’au 27 janvier 2020

Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Paris 1er

Après « Les arts lointains » (Musée du quai Branly-Jaques Chirac), voici le second volet de l’exposition consacrée à Félix Fénéon (1861-1944), présentée cette fois-ci au musée de l’Orangerie, et portant sur le temps des Modernes.

Paul Signac, Opus 217. Sur l’émail d’un fond rythmique des mesures et d’angles,
de tons et des teintes, portrait de M. Félix Fénéon en 1890
. Huile sur toile.
The Museum of Modern Art, New York. Gift of Mr. and Mrs. David Rockefeller
© Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence

L’exposition montre les engagements de Fénéon dans le domaine des arts et de la littérature.

Citoyen engagé, Fénéon consacre une grande énergie à militer pour la défense de l’expression, qu’elle soit politique ou artistique. Il défend autant l’anarchisme que la création sans hiérarchie.

Félix Vallotton, L’Anarchiste, 1892. Gravure sur bois
Bibliothèque nationale de France, Paris
© Photo Bibliothèque nationale de France

Il est proche des artistes qui partagent ses convictions libertaires, comme Georges Seurat, Paul Signac, Maximilien Luce, Théo Van Rysselberghe – tous exposés dans le parcours – et des écrivains tels Gustave Kahn et Victor Barrucand.

En raison de ses propos anarchistes qu’il défend dans L’Endehors et Le Père peinard, pour lequel il rédige ses critiques en argot, Fénéon est accusé d’avoir participé à un attentat au restaurant Foyot, situé en face du Sénat. Il est arrêté, emprisonné et finalement acquitté, suite à une plaidoirie qu’il mène sur le ton de l’humour et dont on peut entendre des extraits dans l’exposition.

Georges Seurat, Poseuse de face, 1887. Huile sur bois
Paris, musée d’Orsay
© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Adrien Didierjean

Fénéon participe à l’émergence de temps nouveaux, incarnés plastiquement par la sensualité des couleurs et la rigueur des formes. Cette nouvelle peinture procure un dépassement de l’impressionnisme qu’il qualifiera de « néo-impressionnisme » pour traduire la décomposition pointilliste des tons. Non seulement il soutient dans ses articles G. Seurat, P. Signac, M. Luce, ou encore Henri-Edmond Cross. Mais il participe à l’organisation de leurs expositions et collectionnent leurs oeuvres.

Félix Vallotton, Félix Fénéon à La Revue Blanche, 1896. Huile sur carton
Collection particulière
© akg – images / Erich Lessing

En 1896, il intègre La Revue blanche en tant que rédacteur en chef et y défend les avant-gardistes Henri de Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard, Edouard Vuillard, Félix Vallotton, Paul Gauguin. Côté littérature, il soutient Mallarmé, Verlaine, Proust, Gide, Apollinaire, Péguy, Wilde, Jarry, Dostoïevski, Stendhal.

Henri Matisse, Nu assis. Titre attribué : Nu rose, 1909. Huile sur toile
Ville de Grenoble, Musée de Grenoble – J.L. Lacroix
© Succession H. Matisse Photo numérique, Couleur

Entre 1920 et 1924, il dirige les éditions de La Sirène, où il publie Cendrars, Cocteau, Radiguet, Joyce, Stevenson. Parallèlement, il rejoint la galerie Bernheim Jeune comme directeur artistique et expose Cross et Bonnard (1906), Signac (1907), Matisse (1908) et Van Dongen (1909).

Giacomo Balla, Lampe à arc, 1910–11 (daté 1909 sur la toile ). Huile sur toile.
New York, The Museum of Modern Art, Hillman Periodicals Fund, 1954
Photo © Kate Keller / © Adagp, Paris, 2019

Le parcours se clôt sur l’exposition qu’il organise des Futuristes italiens, exaltant le machinisme et la vitesse.

Statue féminine, XIXe siècle. Baga, Guinée. Bois
Collection Dr Philippe – Guy E. Woog
© M. Ilmari Kalkkinen

L’atout de l’exposition est de montrer comment Fénéon a été le premier à associer les peintures de Seurat aux sculptures africaines (l’art primitif était couramment associé aux peintures fauves, de Picasso à Modigliani). On admire ainsi les Poseuses de Seurat – que Fénon considérait comme les chefs-d’oeuvre de sa collection – aux côtés des peaux sombres sculptées par des artistes anonymes africains. Somptueux !

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