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… et de la BD (II)

VRAOUM! – Trésors de la bande dessinée et art contemporain

Jusqu’au 27 septembre 2009

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-VRAOUM—TRESORS-DE-LA-BANDE-RAOUM.htm]

La maison rouge, 10 bd de la Bastille 75012, 7€

VRAOUM! Une onomatopée en guise de titre. « C’est une trajectoire avec une bagnole à un bout et un concept à l’autre. Un bruit qui fait sens », comme l’expliquent les commissaires de l’exposition, David Rosenberg et Pierre Sterckx.


Dans un parcours libre, le visiteur découvre la bande dessinée à travers ses genres (western, sience-fiction, érotisme, humour) ou ses thématiques (super-héros, mangas). Confrontée à des sculptures, des peintures, des installations (dont la truculente maison de retraite pour héros vieillissants, L’hospice de Gilles Barbier) qui se nourrisent des héros ou du graphisme de la bande-dessinée. Citons Jean-Michel Basquiat, Erro, Hervé du Rosa, Pierre Huygue et Philippe Parreno, Takashi Murakami, Yi Zhou.

Si Warhol a été l’un des premiers à reconnaître que « le plus grand peintre du XXe siècle, c’est Walt Disney », les institutions françaises ont mis longtemps à s’intéresser au genre (cf. l’exposition Tintin au Centre Pompidou, qui date de hiver 2006-2007!). A l’inverse des collectionneurs particuliers qui ont largement fourni le gros de l’exposition.

Contemporaine de la photographie, la bande dessinée apparaît en Europe à la fin du XIXe siècle. Le Suisse Rodolphe Töpfner pratique alors ce qu’il appelle la « littérature d’estampes »: un récit constitué d’une succession d’images encadrées, auxquelles il ajoute des cadres pour le texte.
Les bulles voient le jour dans les années 1890 et sont systématisées par Alain Saint-Ogan (créateur de Zig et Puce, 1925) au début du XXe siècle.

Dès l’origine, la BD naît comique, forçant sur l’humour jusqu’à la caricature. Cette volonté de ne pas se prendre au sérieux, de faire rire (d’où le terme anglo-saxon comics ou funnies) lui a certainement valu son peu de crédit initial, la confinant à un art mineur, diffusé par voie de presse.

Dans les années 1930 naît l’école franco-belge de la « ligne claire ». Elle atteint son apogée avec Hergé (Tintin, 1929). Cette appellation, donnée a posteriori (dans les années 70) par le graphiste hollandais Joost Swarte, désigne une écriture graphique basée sur le cerne, l’épure, la lisibilité, qui tente d’effacer toute marque expressive de la main. Son tracé est sans ombres ni changements d’épaisseur et enserre souvent des couleurs posées en aplats.

Autre continent, autre tradition graphique. Le manga, (« bande dessinée » en japonais), signifiait à l’origine « esquisses rapides ». Elles ont été inaugurées par le célèbre peintre Hokusai (1760-1849) avant d’être codifiées par Osama Tezuka (père de Astro Boy) au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le manga se distingue de la BD européenne par l’importance accordée à: l’image sur le texte, le mouvement, l’alternance des plans et cadrages (souvent cinématographiques).
Succès planétaire, le manga est devenu un univers à part entière, se déclinant en films, jeux vidéo et produits dérivés.

Les Etats-Unis, qui ont nourri l’imagination européenne des années 1940/50 avec la conquête de l’Ouest (Lucky Luke de Morris, Blueberry de Jean Giraud et Jean-Michel Charlier), se distinguent dans le domaine de la science fiction dès les années 1930. Clarence Gay invente Brick Bradford (1933), Alex Raymond, Flash Cordon (1934) – aventuriers de l’espace, explorant les planètes à bord de leurs astronefs, et se confrontant aux vilains extra-terrestres qui veulent conquérir la terre. La France prend le relai, notamment dans les années 1960/70 avec Philippe Druillet et Moebius (nom sous lequel J. Giraud signe ses oeuvres de S.F.), qui créent le journal Métal Hurlant et les éditions Humanoïdes Associés (1975). Sans oublier Enki Bilal.

Une exposition dense qui dresse mine de rien un historique de l’art de la bande-dessinée. A travers de multiples thématiques, regroupées par carrés de lecture, que le visiteur arpente au gré de son envie. Les autres points forts sont la confrontation avec les oeuvres d’art moderne et contemporain, ainsi que l’ouverture sur le 9e art étranger. C’est un régal de pouvoir découvrir – fait rare en France – des oeuvres en version originale, non sous-titrées!
Le seul point faible serait que la lecture, en position debout, de tant de planches finit par faire tourner la tête. Donc, sur le plan pratique, mieux vaut voir cette exposition un dimanche tranquille, plutôt qu’en fin de journée!

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