Jusqu’au 04 juillet 2010
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-TRESORS-DE-LA-COURONNE-D-ESPAGNE—TRESO.htm]
Galerie des Gobelins, 44, avenue des Gobelins 75013, 6€
De véritables trésors. Tel est le leitmotiv de la nouvelle exposition de la Galerie des Gobelins qui présente, dans le cadre de la présidence espagnole de l’Union européenne, une vingtaine de tapisseries flamandes issues des anciennes collections des Habsbourg et appartenant aujourd’hui au Patrimonio Nacional de la Couronne d’Espagne.
Ces chefs-d’oeuvre, éclatants de lumière et de richesse, constituent les plus belles pièces de l’actuelle collection de tapisseries espagnoles. Extrêmement fragiles, elles sortent pour la première fois de leurs réserves.
La richesse de leurs matériaux utilisés en faisait un placement financier. Les tapisseries pouvaient être placées en gage pour obtenir de l’argent comptant. Mais elles ont surtout joué un rôle dans la construction de l’identité impériale.
Si les tapisseries sont une affaire de femmes – Isabelle la Catholique (1451-1504), Jeanne la Folle (1479-1555), Marguerite d’Autriche (1480-1530), Marie de Hongrie (1505-1558) -, leur collection a été initiée par les ducs de Bourgogne. Philippe le Hardi initie le mouvement à partir de 1380, en commandant de multiples tentures flamandes figuratives. Il les offrait à ses invités royaux.
Au XVe siècle, Philippe le Bon et Charles le Téméraire, dernier duc de Bourgogne, prennent le relai. Chaque cérémonie officielle est régie par un protocole strict. Les tapisseries sont exposées à l’intérieur des palais mais également à l’extérieur, à la vue du peuple. L’idée est avant tout d’impressionner ses amis comme ses ennemis. Les tapisseries sont même itinérantes – on les surnomme les « fresques mobiles du Nord » -, suivant Charles Quint dans ses déplacements à travers ses vastes territoires. Toutefois, nombre d’entre elles restent dans des résidences fixes (le Palais de Bruxelles ou l’Alcazar de Madrid), sous la surveillance des membres de sa famille.
A la fin du XVe siècle, Maximilien d’Autriche (dynastie des Habsbourg) entre en possession des territoires morcelés du duché de Bourgogne. Par le jeu des alliances, les rois catholiques espagnols héritent des tapisseries. Jeanne de Castille (future « Jeanne la Folle ») épouse Philippe le Beau des Habsbourg. C’est ainsi que les tapisseries flamandes des Habsbourg intègrent les Trésors de la royauté espagnole. A la mort de Philippe II d’Espagne, sa collection comprend 701 tapisseries dont 183 sont aujourd’hui conservées dans la collection d’Etat à Madrid (collection qui rassemble 3100 tapisseries). Les pièces flamandes en représentent l’acmé.
La première est réalisée par Pieter van Aelst, pièce qui ouvre la tenture Les Honneurs (comptant neuf tapisseries), commandée par Charles Quint vers 1523. Le temple de la Fortune est représenté sous une violente tempête. La déesse, dans la partie supérieure, porte les trois symboles du Saint Empire romain germanique – couronne, épée, sceptre impérial -, dont le couronnement de Charles Quint marque l’apogée.
Les premières tapisseries se distinguent par l’influence des Primitifs flamands tandis la sélection de l’étage supérieur offre un style italianisant, avec des couleurs claires, des volumes et l’introduction des effets de perspective.
Imaginez: chaque mètre de tapisserie représente le travail d’UNE personne pendant UN AN! Or, certaines tentures peuvent mesurer jusqu’à 50m de long… En dehors de la somptuosité des matériaux, le nombre d’heures et de personnes requises font de ces chefs-d’oeuvre des objets d’art d’un prestige incommensurable. D’où les précautions pour les préserver et la chance unique de les voir aujourd’hui à Paris. En dépit de la crise qui a failli couper court au montage de cette magnifique exposition…
PS: Désolée pour le temps de chargement de la page, j’ai du mettre des visuels en plus haute définition qu’habituellement afin que les détails des tapisseries puissent apparaître un tant soit peu.