Jusqu’au 4 janvier 2010
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-RENOIR-AU-XXe-SIECLE-RENOI.htm]
Galeries nationales du Grand Palais, entrée avenue du G. Eisenhower 75008, 11€
Tombé dans la désuétude, Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) était pourtant de son vivant considéré comme « le plus grand peintre vivant » (G. Apollinaire, 1913). L’exposition proposée par les Galeries nationales du Grand Palais propose de redécouvrir ce peintre impressionniste qui a pris très tôt ses distances par rapport au mouvement de la fin du XIXe siècle. Pour gagner en liberté et, surtout, toujours progresser. Même à 72 ans passés.
« C’est un modeste, un tendre et un perpétuel chercheur », résumait le critique d’art Arsène Alexandre (1892). Renoir n’aura de cesse de s’approprier les thèmes classiques – les portraits, les nus, les scènes de genre – jusqu’à la perfection. Il travaille donc par séries comme le révèle l’exposition, qui se déroule selon un accrochage chronologico-thématique. « Renoir au XXe siècle » débute à la fin des années 1890, lorsque la carrière de l’artiste prend un tournant. De fait, le rejet des Grandes Baigneuses, grand tableau de nus (Philadelphia Museum of Art), incite l’artiste à développer un nouveau style, dépassant l’impressionniste, le « combattant » même, selon ses propres mots.
Né d’un père tailleur à Limoges, P.-A. Renoir passe son enfance à Paris. Il fait son apprentissage dans une fabrique de porcelaine avant de se lancer dans la peinture. Il participe à la première exposition impressionniste en 1874, aux côtés de Monet, Pissaro, Degas, Morisot et Cézanne – peintres qu’il influencera, comme le permet de le voir l’exposition grâce à une judicieuse confrontation d’oeuvres.
Cette date marque également le retour à une touche plus souple et des teintes moins acidulées, pour « rentrer dans le rang ». Retrouver la voie de l’impressionnisme, certes, mais en le dépassant. Comme, par exemple, choisir de peindre en plein air pour capter la lumière extérieure du décor mais travailler le corps de ses modèles dans son atelier.
Marié à Adeline, qui pose à ses débuts et qui lui donne trois fils – Pierre, Jean et Claude dit Coco -, le peintre s’inspire de son entourage pour réaliser des portraits intimistes. Renoir prend soin de connaître ses modèles plutôt que de faire appel à des professionnels dont les poses sont convenues. En outre, l’artiste n’accorde qu’une faible importance à la réalité des formes féminines, leur préférant les mensurations sculpturales de l’Antiquité. Il a, en effet, été profondément marqué par son voyage en Italie (1881), où il a découvert Raphaël.
L’exposition permet de mesurer la liberté que prend le peintre avec la physionomie de ses modèles grâce au cabinet de photographies qui donne un aperçu du vrai modelé des visages et des corps. Tel celui peu flatteur de Gabrielle Renard, qui entre dans la famille Renoir en 1894 comme domestique, avant de servir de nourrice puis d’assistante et de modèle enjolivée au peintre. Gabrielle est représentée plus de 200 fois (Gabrielle à la rose, 1911).
A l’image de Pierre Bonnard (Coup de soleil, 1923), Renoir aime les paysages touffus et colorés. Ses fonds extérieurs comme intérieurs deviennent de plus en plus chargés. Comme l’illustre ses dernières Grandes Baigneuses (1918/19) qu’il voit comme « un aboutissement » et qui clôturent l’exposition.
Une démonstration académique sans faute, qui introduit même le passage de Renoir de la deuxième à la troisième dimension, grâce à l’étape intermédiaire du dessin. Seule la scénographie paraît déconstruite avec des redondances thématiques et, scénographiquement, le parcours aurait pu gagner en fluidité (j’entends, si la topographie du bâtiment le permettait…).