Jusqu’au 15 novembre 2009
Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin, Jardin Atlantique (au-dessus gare Montparnasse), 23, allée de la 2e DB 75015, 4€
Le musée Galliera (musée de la mode de la Ville de Paris) étant fermé pour travaux jusqu’en 2010, il s’associe pour la première fois au Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris pour offrir une exposition sur les accessoires de mode, pendant la Seconde Guerre mondiale. Objets de propagande politique autant que d’élégance, les accessoires de mode témoignent du quotidien des Parisiennes, qui doivent survivrent dans une capitale occupée.
Le contexte historique est primordial. Les accessoires sont placés au pied de cartels narratifs pendus aux cimaises. Mais aussi dans des vitrines de verre, sur fond de photographies d’époque, journaux de mode, affiches, partition de chansons et actualités cinématrogaphiques.
En 1939-40, la présence des soldats français à Paris se répercute sur la mode. Le tartan fait fureur, les chapeaux s’inspirent du Glengarry (calot des troupes écossaises) ou de la chéchia (calotte de drap rouge portée par les zouaves). Hermès développe le carré Petits soldats représentant des zouaves. Boucheron imagine les broches Silhouettes 1940 en hommage aux aviateurs, chasseurs alpins, artilleurs et cavaliers. Si le rouge et le noir sont les couleurs reines des tenues vestimentaires civiles dans les premières années de guerre, le bleu RAF s’étend aux accessoires et aux tailleurs.
Les fabricants et les femmes « auto-modistes » développent un sens de la débrouillardise inimaginable: des bretelles de pantalons deviennent une bandoulière de sacs chez Lanvin, les bas de soie sont remplacés par des produis de teinture Elizabeth Arden. Le turban permet de retenir les cheveux non entretenus et de dégager le visage des femmes à vélo. Les sacs se doublent de fonds pour cacher des tracts ou des banderoles tricolores et se
Dans ces années de privation, l’humour est une question de survie. Hermès crée un carré A la Gloire de la cuisine française, Line Vautrin une ceinture représentant des petites bouteilles d’alcool Les Flocons de l’ivresse (1943). Les Parisiennes doivent rester avant tout élégantes, maître mot de la période pour défendre l’image de leur ville, dont la couture est renommée internationalement. Une manière également de provoquer l’occupant.
Le cinéma, les théâtres et restaurants rouvrent. Seuls lieux chauffés, ils accueillent une clientèle mondaine qui n’hésite pas à frayer avec l’ennemi. Les recettes du cinéma triplent entre 1937 et 1943. Les actualités sont sifflées, les spectateurs leur préférant les films romanesques. Parmi les chefs d’oeuvre de l’époque figurent L’Assassin habite au 21 (1942, Henri-Georges Clouzot), Les Visiteurs du soir (1942, Marcel Carné) et Les Enfants du Paradis (1945, Marcel Carné).
Les accessoires se parent de motifs commémoratifs: broches en forme de jeep, avion ou char, foulards évoquant le débarquement, boutons ornés d’une croix de Lorraine ou d’un coq. Cartier et Van Cleef & Arpels remplacent l’oiseau en cage par un oiseau libéré. Jeanne Lanvin lance l’écharpe Liberté…Liberté chérie.
Une exposition dense et richement documentée, dans un musée qui se fait oublier au-dessus de l’activité frénétique de la gare Montparnasse. Un bel hommage aux Parisiennes, qui ont su allier mode et résistance, même en eaux troubles.