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L’imagination surréaliste

Max Ernst, Une semaine de bonté – Les collages originaux

Jusqu’au 13 septembre 2009

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-MUSEE-D-ORSAY–tarif-journee–ORSA1.htm]

Musée d’Orsay, salles 68 à 70, niveau 2 (côté Lille), 1, rue de la Légion d’Honneur 75007, 8€

Un drôle de titre pour de surprenants collages! Une semaine de bonté représente le troisième roman-collage de Max Ernst (1891-1976), dont les illustrations sont exposées pour la première fois depuis 1936 (Museo Nacional de Arte Moderno, Madrid) au musée d’Orsay. Reprenant les cinq couleurs des reliures successives qui ont abrité le roman illustré surréaliste, l’exposition se lit comme une BD savante.

Max Ernst achève les 182 collages, tous réalisés à partir de gravures sur bois, au cours d’un séjour de trois semaines en Italie du nord, à Vigoleno. Un travail mené à la perfection – l’observateur remarque à peine la superposition des images. Les cinq tomes sont publiés à Paris au cours de l’année 1934.

S’inspirant de la littérature populaire française de la fin du XIXe siècle, l’artiste (né en Allemagne mais naturalisé américain puis français) exprime sa fureur contre la prise de pouvoir du parti national-socialiste en Allemagne et en Italie. En ré-utilisant les images de scène de jalousie, de mort et de meurtre.

Le peintre-sculpteur emprunte le titre de l’ouvrage à l’association La Semaine de la Bonté, créée en 1927, traduisant de fait sa volonté de s’engager socialement contre les dictatures européennes.

Chez Max Ernst, la semaine commence le dimanche. Jour de repos biblique, il est associé paradoxalement dans le roman-collage à la relation entre les sexes. Persécution, vol, séduction, torture, châtiment et mort constituent la thématique du premier tome! Symbole de puissance, le lion de Belfort est un motif récurrent. L’homme à la tête de lion incarne tour à tour l’autorité sociale, publique et religieuse. A l’inverse, le 2e jour/tome est dominé par la reine Femme.

Chaque jour est rapproché d’un élément – « la boue », « l’eau », « le feu », « le sang », « le noir », « la vue » et « l’inconnu » (l’envie).

Les deux derniers tomes traduisent l’écriture automatique, constitutive du surréalisme, pour évoquer l’amour et la liberté. Faisant fi des lois de la pesanteur, des femmes en transe quittent leurs lits pour s’envoler. Max Ernst illustre ici la fascination surréaliste pour l’hystérie. André Breton écrit à ce sujet dans le Manifeste du surréalisme : »Gloire […] à l’hystérie et à son cortège de femmes jeunes et nues glissant le long des toits. Le problème de la femme est, au monde, tout ce qu’il y a de merveilleux et de trouble ».

Finesse de la réalisation, symbolique des images, fantaisie imaginative… Un roman-collage essentiel de la production surréaliste. L’exposition met bien en valeur les différents chapitres. Mais gare aux jambes lourdes en fin de parcours!

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